
VaccinGate à Bruxelles
La Commission européenne a fièrement annoncé le 24 Novembre dernier qu’elle s’était procurée près de 2 milliard de doses de vaccins pour couvrir presque l’entièreté de la population de l’Union européenne, à répartir entre pays à partir du moment où l’Agence européenne du médicament donnera le feu vert, sans doute le 29 décembre
Mais le plus grand flou demeure sur les conditions dans lesquelles ces vaccins ont été achetés avec l’argent du contribuable européen !
Car la Commission européenne refuse de donner des informations précises sur la façon dont les marchés ont été attribués ! Bien étrangement !
En effet, il est dans les attributions de la Commission européenne de vérifier que les entités publiques dans les états Membres, administrations nationales et territoriales, appliquent bien les lois européennes sur la transparence des adjudications à partir d’un montant minimum ,selon qu’il s’agissent de travaux, de fournitures ou de services !
Combien de Municipalités tremblent quand elles doivent passer des marchés publics importants pour ne pas tomber sous les foudres de Bruxelles !
Mais l’Europe peut s’exonérer elle-même des lois qu’elle impose aux autres !
La Commission européenne se retranche derrière une des plus grandes absurdité des lois européennes : En matière de marchés publics, toutes les entités publiques de l’UE sont tenues de respecter des règles précises, y compris sur la transparence des adjudications . C’est une loi européenne qui s’applique à tous, sauf à l’UE elle-même. En son temps, cette anomalie avait été dénoncée -je l’avais moi-même fait dans un avis du Comité Economique et Social européen sur les Marchés publics[1] – mais sans résultats.
L’appel d’offres des vaccins est le plus important jamais lancé par l’UE elle -même ! Et il n’est pas concerné par les lois européennes sur les marchés publics !
On en voit les effets maintenant !
Malgré de nombreuses demandes d’information émanant de Membres du Parlement européen, de groupes de la Société civile, d’avocats, la Commission européenne se retranche derrière cette lacune juridique et répond « Circulez, il n’y a rien à voir » . C’est ce qu’a déclaré la Directrice générale du Service compétent à la Commission européenne, Sandra Gallina, : « Révéler les termes des contrats mettrait en danger la mise sur le marché des vaccins » .
C’est une très étrange déclaration ! La transparence dans l’attribution des marchés n’implique pas de révéler les secrets de fabrication des vaccins, couverts pat des brevets, mais les informations de base sur les montants engagés, les lignes budgétaires utilisées et bien entendu les conditions de protection des consommateurs !!
Même blackout chez les fabricants de vaccins du BigPharma : Pfilzer et AstraZeneca qui ont été interrogés !
En agissant de la sorte, la Commission européenne laisse ouverte la porte à toutes les spéculations :
- Que veut-on cacher en refusant de donner les montants exacts des contrats ? D’où vient l’argent ? Sur quelles lignes budgétaires ?
- Pourquoi la Commission européenne refuse-t-elle de donner des informations sur les prix des vaccins ? à combien ont-ils été achetés par la Commission européenne ? leur prix de revente aux états Membres ?
- Il y a-t-il une clause d’ « exclusivité », même temporaire, dans ces contrats, sinon comment expliquer que la Commission européenne s’est dressée vent debout contre la Hongrie qui a annoncé acheter les vaccins russes Sputnik 5 ?
- A-t-on donné des garanties de protection juridique aux grands labos en cas d’effets secondaires ou d’inefficacité de leurs vaccins ?
- Les laboratoires bénéficiaires n’ont-ils pas été payés deux fois avec l’argent des contribuables puisque les états et l’UE ont financé leurs recherches et maintenant achètent leurs vaccins ?
Des ONG parlent de « profits colossaux » pour les heureux bénéficiaires des contrats !
Certains firmes donnent des fourchettes de prix, ou des prix minima, mais d’autres restent muettes.
Selon l’Agence Reuters, la Commission européenne aurait acheté les vaccins pour un peu moins de 25 US Dollar la dose, mais ce ne sont que des spéculations !
Quand on voit les résultats en Bourse de ces entreprises, on ne peut que supposer que les ONG soient dans le vrai et que les bénéfices seront énormes !
Le Commissaire européen à la santé a refusé de commenter la question des prix d’achat des vaccins sous le prétexte que « on ne peut donner des informations sensibles sur des entreprises sans leur autorisation » ! Encore une réponse étrange !
Imaginez le maire de votre commune qui ferait acheter des voitures électriques pour les agents municipaux et refuserait de donner le prix et les conditions auxquelles elles auraient été achetées ! Il serait inquiété par la justice !
Plusieurs parlementaires suspectent des pays comme la France, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas d’avoir forcé la Commission européenne à « faire le sale boulot » d’achat des vaccins à leur place pour échapper aux règles ( !!!) européennes des marchés publics et en disposer donc plus rapidement ! (et de ne pas arriver trop tard par rapport aux Américains ou d’autres pays dans le monde)
Qu’en est-il aussi de la promesse d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel que les vaccins arriveraient partout dans le monde au même moment, sans désavantager les pays les moins riches ?
Toute cette opacité ne fait qu’alimenter bien des suspicions !
Sans oublier la mauvaise réputation de l’industrie pharmaceutique, dont les lobbystes ont l’habitude d’arroser généreusement tous ceux qui se mettent à son service !
Henri Malosse
[1] ces979-2008_ac_en.docUnrestricted -OPINION of the European Economic and Social Committee
on International public procurement (exploratory opinion)
Adopted 29/05/2008