
La secrétaire d’Etat belge au Budget, Eva de Bleeker, a commis une erreur, ce jeudi 17 décembre, en twittant les prix des doses de vaccins contre le Covid-19 supposés restés confidentiels, dans le cadre d’une dispute bien belge entre Membres du gouvernement. Des prix qui vont d’un multiple un à huit.
Lee plus chers sont ceux qui ont été achetés en premier par la Commission européenne : 12 € pour le Pfizer/BioNTech, premier à être mis sur le marché au royaume Uni début décembre et dans l’UE fin décembre ; 18 $ pour le vaccin Modena qui devrait arriver sur le marché en Europe début janvier. Les autres annoncés seront moins chers ( 8,50 $ pour Johnson et Johnson, 10 € pour CureVac ; 7,56 € pour celui que devraient sortir Sanofi et GSK ; et même seulement 1,78 € pour le vaccin du duo Oxford et AstraZeneca) mais on ne connaît pas encore leurs dates de sortie, ni leurs propriétés.
La Commission européenne avait fièrement annoncé le 24 Novembre dernier qu’elle s’était procurée près de 2 milliard de doses de vaccins pour couvrir presque l’entièreté de la population de l’Union européenne, à répartir entre pays à partir du moment où l’Agence européenne du médicament donnera le feu vert, le 21 décembre déjà pour le vaccin Pfizer en premier,
( Pour mémoire, ce n’est que sur injonction allemande que l’agence a décidé d’accélérer ses procédures bureaucratiques d’homologation qui n’auraient pas du intervenir avant début janvier 2021)
Mais le plus grand flou demeurait sur les conditions dans lesquelles ces vaccins ont été achetés avec l’argent du contribuable européen !
Car la Commission européenne refusait jusqu’à présent de donner des informations précises sur la façon dont les marchés ont été attribués ! Bien étrangement !
Dans le contrat passé par la Commission européenne, il y a bien donc une clause de confidentialité sur les prix : On se demande bien pourquoi, si ce n’est pour cacher qu’il y a eu peut être des ententes de prix entre certains des Big pharmas (Pfizer, Modena, CureVac) , les premiers sur le marché étant les plus chers.
Par comparaison, le vaccin indien, bientôt mis sur le marché et commandé par de très nombreux pays en développement coûtera aux alentours de 3 € sur le marché international.
Le vaccin russe Sputnik 5, dont les autorités sanitaires russes disent qu’il est sûr à 92 %, est vendu aux alentours de 8 € sur les marchés internationaux mais est délivré gratuitement à la population depuis début décembre.
Curieusement la Commission européenne s’est dressée « vent debout » contre la Hongrie qui a annoncé acheter les vaccins russes Sputnik 5 , moins cher que les Pfizer et Modena , et disponible également rapidement !
La Commission européenne a agit dans cette affaire comme un intermédiaires entre les labos des Big pharmas et les états de l’UE. C’est la Commission européenne qui a acheté les vaccins en privilégiant les Big Pharmas, sans appels d’offres, en refusant de communiquer les prix d’achat et sans doute avec des clause d’exclusivité
On sait maintenant grâce à la Secrétaire d’Etat belge Eva de Bleeker, qu’il y avait donc bien une clause de confidentialité !
Les Etats vont racheter donc le stocks de vaccins achetés par Bruxelles ! mais à quel prix, quelles conditions ? encore des mystères !
L’absence de procédures transparentes est un vrai scandale :
En effet, il est dans les attributions de la Commission européenne de vérifier que les entités publiques dans les états Membres, administrations nationales et territoriales, appliquent bien les lois européennes sur la transparence des adjudications à partir d’un montant minimum ,selon qu’il s’agissent de travaux, de fournitures ou de services !
Combien de Municipalités tremblent quand elles doivent passer des marchés publics importants pour ne pas tomber sous les foudres de Bruxelles !
Mais l’Europe peut s’exonérer elle-même des lois qu’elle impose aux autres !
La Commission européenne se retranche derrière une des plus grandes absurdité des lois européennes : En matière de marchés publics, toutes les entités publiques de l’UE sont tenues de respecter des règles précises, y compris sur la transparence des adjudications . C’est une loi européenne qui s’applique à tous, sauf à l’UE elle-même. En son temps, cette anomalie avait été dénoncée -je l’avais moi-même fait dans un avis du Comité Economique et Social européen sur les Marchés publics[1] – mais sans résultats.
L’appel d’offres des vaccins est le plus important jamais lancé par l’UE elle -même ! Et il n’est pas concerné par les lois européennes sur les marchés publics !
On en voit les effets maintenant !
Malgré de nombreuses demandes d’information émanant de Membres du Parlement européen, de groupes de la Société civile, d’avocats, la Commission européenne se retranche derrière cette lacune juridique et répond « Circulez, il n’y a rien à voir » . C’est ce qu’a déclaré la Directrice générale du Service compétent à la Commission européenne, Sandra Gallina, : « Révéler les termes des contrats mettrait en danger la mise sur le marché des vaccins » .
C’est une très étrange déclaration ! La transparence dans l’attribution des marchés n’implique pas de révéler les secrets de fabrication des vaccins, couverts pat des brevets, mais les informations de base sur les montants engagés, les lignes budgétaires utilisées et bien entendu les conditions de protection des consommateurs !!
Même blackout chez les fabricants de vaccins du BigPharma : Pfilzer et AstraZeneca qui ont été interrogés !
Outre la question des prix, éclaircie en partie maintenant, on peut aussi se demander :
- A-t-on donné des garanties de protection juridique aux grands labos en cas d’effets secondaires ou d’inefficacité de leurs vaccins ?
- Les laboratoires bénéficiaires n’ont-ils pas été payés deux fois avec l’argent des contribuables puisque les états et l’UE ont financé leurs recherches et maintenant achètent leurs vaccins ?
- Certains labos comme Sanofi, Pfizer ou Oxford ont été financé par des états européens et l’UE elle-même pour leurs recherches ! Va-t-on les payer ainsi 2 fois ?
- Pourquoi négliger les vaccins russes et indiens, bien moins chers ?
Quand on voit les résultats en Bourse de ces entreprises, on ne peut que supposer que les ONG soient dans le vrai et que les bénéfices seront énormes !
Le Commissaire européen à la santé a refusé de commenter la question des prix d’achat des vaccins sous le prétexte que « on ne peut donner des informations sensibles sur des entreprises sans leur autorisation » ! Encore une réponse étrange !
Imaginez le Maire de votre commune qui ferait acheter des voitures électriques pour les agents municipaux et refuserait de donner le prix et les conditions auxquelles elles auraient été achetées ! Il serait inquiété par la justice !
Plusieurs parlementaires suspectent des pays comme la France, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas d’avoir forcé la Commission européenne à « faire le sale boulot » d’achat des vaccins à leur place pour échapper aux règles ( !!!) européennes des marchés publics et en disposer donc plus rapidement ! (et de ne pas arriver trop tard par rapport aux Américains ou d’autres pays dans le monde)
Qu’en est-il aussi de la promesse d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel que les vaccins arriveraient partout dans le monde au même moment, sans désavantager les pays les moins riches ?
Toute cette opacité ne fait qu’alimenter bien des suspicions !
Sans oublier la mauvaise réputation de l’industrie pharmaceutique, dont les lobbystes ont l’habitude d’arroser généreusement tous ceux qui se mettent à son service !
Sur toutes ces questions, je suggère d’établir une Commission d’enquête du Parlement européen et j’ajouterai une dernière interrogation : Des intermédiaires ont-ils été employés pour ces transactions sans appels d’offres ? Qui sont-ils ? Combien ont-ils été rétribués ?
Le Vaccingate de la Bureaucratie européenne ne fait que commencer..
J’imagine déjà une suite au « Crépuscule des Bureaucrates » !
Henri Malosse
[1] ces979-2008_ac_en.docUnrestricted -OPINION of the European Economic and Social Committee
on International public procurement (exploratory opinion)
Adopted 29/05/2008