
La Conférence sur le futur de l’Europe verrouillée, mais de qui se moque-t-on ?
Réponse (encore une fois) : du citoyen européen !
Annoncée à grand renfort de tambours et de trompettes pendant l’année 2019, une Conférence sur le futur de l’Europe allait redessiner une nouvelle Europe après le BREXIT : de nouveaux enjeux, de nouvelles priorités, et surtout, promis, on allait écouter les citoyens ! On se donnait deux ans pour écouter, consulter et proposer une réforme ambitieuse
D’ailleurs Emmanuel Macron n’avait-il pas organiser déjà en 2018 des consultations citoyennes , passées bien inaperçues d’ailleurs
Une belle ambition…d’un « Wind of Change »
Mais cette conférence sur le futur de l’Europe, dans le droit fil du discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne en septembre 2017 devait réconcilier les citoyens avec l’Europe et proposer une réforme radicale !
Elle devait réunir représentants des Etats, Parlementaires européens et nationaux et faire la part belle à la société civile !
On lui avait établi une feuille de route ambitieuse avec de nombreux sujets à son ordre du jour comme bien entendu le défi climatique, mais aussi les droits de l’homme, l’état de droit, le rôle international de l’Europe, la question des migrations, les valeurs, les changements sociétaux, égalité et justice, une nouvelle vision de l’économie, le développement des régions, la démocratisation et le rôle des citoyens, une politique européenne de la défense et la question s’il faudrait encore ou non élargir l’UE . En bref, tout un programme mais surtout une belle ambition d’un « vrai WIND of Change »
Une belle ambition…déçue !
Le COVID est passé par là et la Conférence n’a pu commencer en 2020 comme prévu. Mais plus que la pandémie, car après tout on aurait pu la lancer en « vidéo », c’est sur la question « fondamentale » de savoir qui devrait la présider que cette belle ambition s’est fracassée. Entre le Parlement européen qui souhaitait en être le grand ordonnateur et les chefs d’état et de gouvernements voulant imposer l’une ou l’un des leurs pour la contrôler (en proposant une ancienne Première Ministre danoise) un drôle de bras de fer s’est imposé pendant toute l’année 2020 et rien n’a avancé
Un attelage baroque et la confiscation du débat
Mais pris de panique devant le risque d’un magistral flop mais aussi inquiets d’un processus qui pourrait déraper, la Commission européenne et le Conseil, émanation des Etats, ont réussi à imposer au Parlement européen, bien faible à cette occasion, une étrange solution qui permet d’éviter toute contradiction :
- Une « Troïka » pour présider la Conférence composé des 3 têtes de l’Europe : Ursula Von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, Charles Michel, Président du Conseil, David Sassoli Président du Parlement. Connaissant les deux derniers, il ne fait pas de doute que c’est la Première avec son armée de bureaucrates qui va faire la loi.
- L’exclusion d’Elus des Parlements nationaux, ravalés au rang d’ « observateurs »; comme si on voulait que le débat ne sorte pas de la « bulle » européenne.
- L’inauguration est fixée maintenant au 9 mai 2021 à Strasbourg pour occuper un hémicycle vide depuis plus d’un an ! Les travaux seront bâclés en moins d’un an pour être prêts au printemps 2022 et le projet soumis à la Présidence française de l’UE en mars-avril, donc à temps pour servir d’argumentaire au Président Emmanuel Macron pour l’élection présidentielle.
- Qui dit temps accéléré, dit « peu ou pas » de consultations des citoyens et des organisations de la société civile ! Sans doute juste une simili-consultation des lobbyistes bruxellois attitrés et quelques opérations de « Com » avec des « citoyens triés sur le volet » menées par les habituels consultants grassement payés !
Quelle mascarade donc et quel quant ’à soi : la bulle de Bruxelles/Strasbourg qui se parle à elle-même !
On comprend maintenant qu’il s’agira de faire avaler un travail tout fait : accorder plus de pouvoir à Bruxelles en matière de santé, d’environnement, de défense et de politique internationale. Sans doute, en renforçant le poids des bureaucraties nationales et surtout européennes, sans démocratisation des institutions, sans prendre en compte les réels besoins des citoyens face au déclin économique et déclassement social de l’Europe, à la menace terroriste islamiste, à l’impérialisme totalitaire et l’agressivité commerciale de la Chine, à la désertification de nos territoires ! …Un travail déjà mâché dans lesquels les peuples ne se reconnaîtront sûrement pas. Un vrai moyen en fait d’enterrer encore plus vite le projet européen sous prétexte de le renforcer
Le moment est venu d’un réveil des peuples!
Face à ce qui ressemble de plus en plus comme une mascarade, faut-il simplement se résigner ?
Non, il faut se mobiliser ! Au travers de forces politiques qui auront le courage de s’opposer au projet d’un super-Etat centralisé avec une bureaucratie triomphante, au travers de citoyens de citoyens qui pourraient se mobiliser .. Le temps est venu de préparer un projet alternatif simple rappelant :
- Quels sont les enjeux de nos sociétés
- Nous Européens, ce qui nous unit et ce qui nous distingue
- Quelles orientations politiques pour cette « autre » Europe ?
- Comment la faire mieux fonctionner !
« Le Moment est venu » (Le crépuscule des Bureaucrates, page finale 182 )
Henri Malosse