La guerre du Ski aura-t-elle lieu ?

par Henri Malosse, le 3 décembre 2020

Les Bureaucrates nationaux se délectent des mesures de confinement ! jamais ils n’ont eu autant d’occasions de faire preuve de leurs talents inégalés à mettre en place des restrictions ridicules et des paperasseries inutiles ! La France est à cet égard bien le champion du monde avec ces attestations pour faire sortir son chien devant la maison !

La Bureaucratie française a fait feu de tout bois avec le deuxième confinement d’ailleurs : jauge de 30 personnes pour des cathédrales immenses alors qu’on peut être des centaines dans un hypermarché, petits commerces fermés et grandes surfaces ouvertes, montagnes et parcs naturels interdits avec la règle du 1 Kilomètre autour de chez soi .. Mais c’est à l’occasion de la perspective des sports d’hiver que nos Enarques ont vraiment révélé qu’ils avaient un talent fou !

Le Premier Ministre Jean Castex, pince sans rire, a annoncé que les stations de ski seraient ouvertes à « Noël » pour que les « français viennent y respirer l’air pur des montagnes », mais pas les remontées mécaniques pour y pratiquer le ski ! S’entasser dans les studios, Oui, mais skier en pistes ou hors pistes, NON, car le Covid19 vous attend derrière les sapins !

Là, il ne s’attendait pas à être concurrencé par deux lascars, le Premier Ministre belge De Croo ( qui ne doit sa position qu’à son Père, vétéran de la politique belge) et à Angela Merkel dont on avait oublié qu’elle fut en son temps citoyenne zélée de la plus belle mécanique bureaucratique, la République Démocratique Allemande, la RDA !

Les deux en effet, piqués par je ne sais quel frelon d’hiver, décidèrent que non seulement leurs stations de ski seraient fermées (pour les Belges, pas trop risqué car il n’y a jamais assez de neige pour skier dans les Ardennes depuis le réchauffement climatique ), mais que toutes celles des autres pays alentour aussi ! Des pressions et des messages d’autorité furent envoyés aux Helvètes, Autrichiens, Catalans et autres: Ne vous avisez pas d’ouvrir ! Fermez vos stations ! Tout cela au nom d’une très étrange coordination européenne alors qu’il n’y a aucune compétence de l’UE en la matière et surtout que c’est une drôle façon de coordonner quand on décide tout seul et demande aux autres d’obtempérer ! Bien entendu, Emmanuel Macron a été le premier à suivre la Dame de marbre et a relayer les menaces vis à vis des récalcitrants, notamment la Suisse !

Mais comme les Helvètes d’Astérix, les Suisses ne se sont pas laissés compter et résistent aux oukases allemand, belge et français, neutralité oblige ! Le pays des fromages, du chocolat et des coucous n’est pas près de se laisser impressionner par nos drôles d’oiseaux ! L’Autriche, l’Espagne, la Slovénie et la Bulgarie, pays Membres de l’UE , laisseront leurs stations de ski OUVERTES ! Même la petite Principauté d’Andorre fait fi de son Co-Prince Emmanuel Macron – qui n’ a pas daigné s’y rendre contrairement à Valery Giscard d’Estaing, un grand Président qui vient de nous quitter- fait de la résistance !

Désemparés les 3 mousquetaires anti-Ski, qui ne sont bien que 3 , ne savent plus où donner du bonnet de ski ! Dernière trouvaille de la bureaucratie française : demander aux Préfets de faire contrôler les Français rentrant de Suisse ou d’Andorre et de les mettre en quarantaine s’ils ont été au ski ! Mais, question : Comment savoir s’ils n’étaient pas plutôt à Genève pour planquer leurs économies ou pour acheter du chocolat ? Mettra-t-on à l’isolement seulement celles et ceux qui auront le teint trop halé ou une jambe cassé ?

Il ne reste donc qu’aux pauvres Belges, Français et autres Allemands à se rendre en Bulgarie, prétendre y aller pour aller manger des yaourts et se rendre à la magnifique station de Bansko, pas loin de la frontière grecque, il fait beau, il y a de la neige, toutes les remontées mécaniques sont ouvertes et on peut y louer des skis !

DOBRYDOSLI ! Bon schuss !

La France et l’Europe perdent un Homme illustre :Message à l’occasion de la disparition du Président Valery Giscard d’Estaing

Je suis très touché de la disparition de Valery Giscard d’Estaing, le dernier grand Président de la République française.

Il m’avait fait l’honneur de venir me remettre en personne la légion d’honneur à Bruxelles et avait prononcé un discours de visionnaire sur l’avenir de l’Europe devant la session plénière du Comité Economique et Social Européen.

Nous avions échangé, autour de cette occasion, plusieurs fois sur la question du devenir de l’Europe. Nous partagions une grande inquiétude même si nos propositions pour en sortir divergeaient un peu sur la question des élargissements.

J’éprouve une énorme admiration pour cet Homme qui au-delà d’une apparence un peu austère, savait se montrer chaleureux, amical et très attentif aux autres.

La France et l’Europe perdent un Homme illustre !

J’adresse à sa famille et à ses proches mes très sincères condoléances

Remise de la Légion d’honneur à Henri Malosse par le Président Valéry Giscard d’Estaing – YouTube

La « Taxonomie », la nouvelle lubie des bureaucrates !

publié par Henri Malosse _le 3 décembre 2020_version révisée

Tandis que les Européens, inquiets et confinés, dépriment, qu’une crise économique et sociale d’ampleur inégalée nous attend au déconfinement, tandis que le plan de relance européen est bloqué par l’obstination de certains à y mettre des conditions  pour des raisons purement politiciennes et idéologiques, que fait la Bureaucratie européenne ? Elle s’est inventée un nouveau gadget, baptisé la « taxonomie», et dont nous allons toutes et tous payer l’inconséquence !

La « Taxonomie », c’est quoi ? Une nouvelle maladie ? Un nouvel impôt ?

Selon la Commission européenne, la « taxonomie » est « l’outil européen de verdissement » de l’économie. En clair, une usine à gaz pour évaluer le caractère « vert » de toute activité humaine : la manière de se chauffer, de s’éclairer, de se déplacer … Pour les acteurs économiques cela va concerner aussi tout le monde : du laveur de voitures à la compagnie aérienne, du pressing au coin de la rue au géant du BTP, de l’artisan à la grande distribution.

Elle est le fruit de l’application technocratique par les Institutions européennes de l’accord de Paris de la COP 21 (Convention des Nations Unies sur le développement durable) . Alors que sous d’autres cieux, on encourage ce qui agit efficacement contre le réchauffement climatique et contribue à préserver la biodiversité, la bureaucratie européenne entend interférer dans notre vie de tous les jours avec une démarche punitive, quitte à condamner des pans entiers de notre Economie, notamment le monde des artisans, des indépendants et des petites entreprises.

Des conséquences qui pourront aller jusqu’à un arrêt de « vie ou de mort » sur votre activité

 Comment la taxonomie va fonctionner ? La Commission européenne établit des critères pour toute activité humaine, de la plus « verte » à la plus « négative pour le climat et l’environnement ». Un système de notations qui va concerner aussi bien l’équipement ménager que le travail quotidien du berger avec son troupeau de moutons, l’exploitation pétrolière ou le fabricant de sacs en cuir. Mais la finalité de l’exercice est de décerner des bons ou mauvais points qui pourront se traduire par des labels vert ou marron avec déjà des conséquences commerciales non négligeables.  De plus, dans le cadre du « green deal », ces classifications détermineront de nouvelles normes, comme dans le cadre de la construction, qui seront établies en références aux produits et activités dîtes vertueuses.

Mais la punition pourra aller bien plus loin, comme le démontre l’exemple suivant qui m’a été donné par Luc Hendricks, Directeur à la « SME United », la Fédération européenne des petites et moyennes entreprises : Imaginons le gérant du pressing du coin de votre rue. Quand il voudra investir pour s’agrandir, son banquier d’en face de chez lui, sera obligé de lui demander, au moyen de formulaires, une évaluation de risque « environnemental », comme par exemple s’il utilise des produits au chlore et à quel taux ? Pourquoi ? Parce que l’Agence bancaire, elle-aussi, est soumise à la « taxonomie » c’est-à-dire doit indiquer au siège si ses clients ont de bons ou de mauvais points. La Banque Centrale européenne exigera donc un bilan « taxonomie » de la part des établissements bancaires ce qui contribuera à leur « rating » et donc aux par lesquelles elles peuvent se refinancer. Conclusion : le pressing du coin de la rue risque de ne pas se voir accorder de prêt ou à des conditions peu favorables s’il n’est pas assez « vertueux » , il pourra voir aussi ses  primes d’assurances augmenter pour les mêmes raisons.  Les agences bancaires et les assureurs risquent ainsi de se détourner de nombreux acteurs économiques, insuffisamment « vertueux »..

Grands ou petits, tout le monde ne sera pas logé à la même enseigne !

« Selon que vous serez grands ou puissants… » . Toutes les entreprises et tous les entrepreneurs ne seront pas égaux devant la « Taxonomie ». Il faudra d’abord fournir une quantité phénoménale d’informations à son banquier, à son assureur et aux autorités pour recevoir toute forme d’aides. On voit déjà comment les administrations trouveront là un motif facile de refuser des aides ou des exonérations ! L’exercice sera relativement facile pour une grande entreprise, mais imaginons comment réagira l’épicier de quartier ou le petit artisan taxi sommé de se justifier sur tout ce qu’il fait ou achète ! Déjà harcelé par toutes les administrations, le patron de TPE/PME va, une fois de plus, devoir passer ses loisirs à remplir des formulaires et répondre à des questionnaires.

Les discriminations ne s’arrêteront pas là. On comprend bien qu’il sera aisé pour un grand Groupe de démontrer que ses activités sont bien « vertes », d’autant qu’il pourra  globaliser entre celles qui sont vertueuses et celles qui sont polluantes. Ce ne sera bien entendu pas possible pour l’agriculteur, artisan ou petit entrepreneur.

Dans l’activité de normalisation, ce sont les grands Groupes qui seront favorisés pour imposer leur «standards » comme « normes «  obligatoires !

Interrogée sur ce sujet par les organisations professionnelles, la Commission refuse de donner toute réponse, avec la double excuse de la confidentialité du sujet et des perturbations liées au COVID.

Une usine à gaz entre les mains des seuls bureaucrates.. !

Venons en à l’aspect le plus contestable de cette « usine à gaz » : Qui et comment va déterminer les critères selon lesquels vous êtes « vertueux ou pas ». Réponse : la Bureaucratie européenne !

Voici pourquoi :

Le règlement sur la taxonomie (2020/852) confie d’une manière totalement irresponsable à la Commission européenne la responsabilité d’adopter 7 actes délégués pour déterminer si une activité est durable ou de nature à causer un préjudice environnemental. Bien que le Traité de Lisbonne prévoit cette possibilité (dans son Article 290) pour « compléter ou modifier certains aspects non essentiels de l’acte législatif », on voit bien qu’on touche en fait ici à l’essentiel !

De plus, la Commission européenne est en train de préparer ces Actes dans le plus grand secret, refusant d’en communiquer les projets non seulement aux organisations professionnelles mais aussi aux Etats-membres eux-mêmes !

La plupart des secteurs professionnels s’inquiètent beaucoup de voir leurs activités considérées de manière idéologique ( automobile, aérien, gaz, produits chimiques, équipements ménagers, élevage, cuir et peaux, textiles, constructions..) sans possibilité de véritable expertise technique et sans voies de recours.

La tutelle des Etats-membres sur les Actes délégués est très faible. Il existe simplement des Groupes d’Experts pilotés par la Commission européenne ( 1 représentant par état Membre et sous Présidence de la Commission européenne) . Ces Groupes sont juste consultatifs et sans droit de vote !

Avec les secteurs professionnels ce n’est pas mieux et même on pourrait dire c’est pire ! La Commission européenne a certes consulté tous azimuts mais simplement pour demander des avis sans qu’il y ait jamais de retours. La seule consultation structurée a concerné le secteur financier au travers d’un Comité technique où siégeaient notamment la Banque Centrale Européenne et la Banque Européenne d’Investissement. Ce Comité se transforme aujourd’hui  en « plateforme de la finance durale » dont les Membres seront choisis via un appel à candidatures sur des critères très subjectifs. Le recrutement des Membres de cette plateforme, purement consultative, revient à la Commission européenne, ainsi juge et partie ! On y attend d’ailleurs de nouveau le secteur bancaire, quelques fédérations européennes de l’industrie et surtout des ONG, qui seront, sans surprise les habituelles des comités d’experts, largement subsidiées par la Commission elle-même.

En ce qui concerne la normalisation, le risque est grand aussi que la Commission européenne se passe de toute concertation. On a l’exemple du secteur de la construction, où, pour une nouvelle directive « produits de construction », la Commission européenne a mis de coté le Comité Européen de Normalisation (CEN) où sont représentés les professionnels pour confier l’élaboration de normes à des groupes d’experts choisis par elle-même. Le risque est grand, selon les organisations professionnelles, d’avoir des normes sans contenu technique ou scientifique suffisantes, ou tout simplement dictées par les grands groupes indsutriels.

Au-delà des objectifs, au demeurant louables, de « verdissement » de nos activités, la bureaucratie européenne n’a-t-elle pas trouvé là matière à assoir sa loi sur toutes nos activités, sans aucun contrôle démocratique ? ni par les Etats, ni par le Parlement, ni par les  représentants des professions, ni par les citoyens .. !

Comme l’écrit très bien Daniel Gueguen dans son Blog[1] : « la taxonomie, une mécanique orwellienne »…


[1] DanielGueguen.blogactiv.eu

MERCI à ERWAN QUINIO POUR SA NOTE DE LECTURE SUR MON LIVRE (EURADIO.FR)

Je dois dire qu’il a parfaitement compris mon Message :

« Ursula von der Leyen, qui fête ces jours-ci ses un an à la tête de l’Union européenne serait bien inspirée de lire ce livre  à Noël « 

« Une politique-fiction à mettre sous les sapins de Noël pour mieux passer et penser à 2021… »

!http://euradio.fr/2020/12/01/et-si-l-ue-cessait-d-exister-erwan-quinio/#comment-643

Merci à Liliane Vittori de Mediapart, pour cet article remarquable :

« Le « Crépuscule des bureaucrates »: l’Europe qui pourrit par la tête…

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Un air de chute de l’Empire romain et peut-être le meilleur livre jamais écrit sur l’Europe. L’Union Européenne « va-t-elle pourrir par la tête » à cause de sa bureaucratie aveugle et omnipotente ? Dans le « Crépuscule des bureaucrates », Henri Malosse, ancien président du Conseil Economique et Social Européen, prédit l’agonie prochaine inexorable de Bruxelles. 

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Le Crépuscule des bureaucrates » ( Edition du Palio), un scénario de politique fiction, menant tout droit et sans amortisseur, vers l’éclatement probable de l’Europe et de la zone euro. A moins que la lumière ne réapparaisse comme dans l’épilogue de ce livre dévastateur. Et ce n’est pas un roman d’anticipation car tout est vrai ! Mais c’est la première fois que le système européen est intégralement et librement décrypté, comme purgé, sans aucune concession à une quelconque autorité supra européenne… Un pronostic terriblement visionnaire? Nous serions, nous les Français, les Espagnols, les Italiens, suspendus au dessus de deux abîmes, dès 2021 et 2022… puisque le budget de l’Union Européenne est déjà entré en phase de blocage. Le silence de l’info en continue parisienne ne signifie pas que le danger soit écarté…

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Selon ce scénario catastrophe il ne restera que deux options pour la France. Soit explique H. Malosse « une austérité très dure à la grecque et une extension de la précarité, soit un décrochage massif incontrôlable tout aussi déstabilisant »Anticipation romancée ? La dislocation de l’Europe est-elle capable d’entraîner la France dans le  naufrage décrit par H. Malosse ? L’Union Européenne se résume-t-elle à cette monstrueuse gabegie, cette technocratie sclérosée, impossible à réformer ? Pour bien comprendre ce processus déjà amorcé: il faut entrer dans ce film incroyablement réaliste, celui des vies des technocrates désoeuvrés et surpayés de Bruxelles, dans leurs bureaux à 8 fenêtres « d’administrateur hors cadre niveau16 » Sont-ils résolument égocentriques, égoïstes et déconnectés du réel? Dans cet ouvrage, il faut suivre aussi le spectacle d’un ultime sommet européen – peut-être ressemble-t-il à tous les précédents?-  un simulacre tragique de démocratie… alors que les caisses de l’Europe sont vides, que les « subterfuges » habituels ont tous été rejetés, que les menaces de sanction tournent elles-aussi aussi dans un vide intersidéral . Ce thriller met en scène les destinées des journalistes accrédités à Bruxelles, ces acteurs européens « à la fois relais des discours préformatés et des attaques virulentes ». Certains, parfaitement adaptés, fréquentent le « Caprice des Dieux » l’immeuble si bien baptisé du Parlement Européen, de forme ovale comme ce fromage pasteurisé. Toutefois le correspondant « Noël », d’abord « servile zélateur» parvient à se « remettre en question » pour enfourcher le cheval de l’information vraie, sans langue de bois. Il révèle certains scandales européens dont l’affaire de l’ancien Président portuguais de la Commission Européenne, qui en croquait et pantouflait chez le banquier américain Goldman Sachs « firme responsable de la déconfiture de la Grèce ». Le journaliste, gentil lanceur d’alerte sur le tard est licencié il n’intéresse plus ses employeurs. Il y a aussi ces personnages féminins « Barbara » et « Karina », des beautés slaves titulaires de hauts postes gagnés dans les concours de l’administration européenne mais immergées dans les méandres des « intérêts nationaux et des poids des lobbies ». Il y a aussi  ce sympathique  fonctionnaire européen de haut rang « Robin »cynique,  snob, honnête et naïf. Après avoir été « Monsieur directive Bolkenstein » ( travailleurs détachés d’Europe de l’Est ne côtisant pas dans les pays d’accueil). Après avoir constaté de l’intérieur les effets délétères  de l’absurdistan européen, ce ballet « de ceux qui se pensent importants », Robin avait relaté certains achats et appels d’offres européens, truqués et préférentiels. A cause de son esprit critique, il fut remercié et doté d’un placard doré (80% de son salaire), et ce d’un trait de plume d’un Directeur de Cabinet allemand Pepper Maier.

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En plus de son humour féroce – qui va faire du bruit dans les chancelleries et les couloirs de la Commission Européenne et du Conseil Européen – Henri Malosse est aussi doté d’une mémoire implacable et d’une immense connaissance de la désinformation chronique, de la corruption globale du système européen, détruit de l’intérieur par sa propre technocratie:« de telles pratiques avaient contribué à vider l’Union Européenne de toute substance et n’avaient fait que renforcer l’entre-soi et l’esprit moutonnier des institutions. ». Alors « énormes salaires sans impôts, voiture de fonction, longues vacances… » : on peut le répéter, tout est vrai ! Même si les véritables identités restent secrètes. Aucun nom de ministre, d’ambassadeur, d’euro député, de fonctionnaires dans cette galerie de portraits: rien que des faits avérés démontrant l’aveuglement incontestable des institutions européennes et l’effacement du projet européen initial. Le tout « transformant une administration de mission en un gros gâteau partagé par des voraces ». Mais le héros du livre « Frederic » estime « qu’il faudrait, le moment venu, réinventer l’esprit pionnier et novateur, qui avait forgé le projet européen. » . L’idéal européen tué par sa propre bureaucratie ? La thèse centrale d’Henri Malosse, est née de sa colère et de sa frustration, sentiments partagés par de nombreux acteurs d’une Europe à l’arrêt. H. Malosse :« il ne s’agit pas de caricatures, ces fonctionnaires bruxellois existent malheureusement, sans avoir conscience du ridicule des situations. Mon souhait profond reste l’espérance d’un changement radical, car en continuant comme ça, on va à l’échec. J’ai choisi la fiction pour pousser jusqu’au bout la logique budgétaire dans laquelle s’enfonce l’Europe. Le système ne tient que par le discours, la Commission européenne est devenue fictive, irréelle, c’est une construction bureaucratique et abstraite.». 

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Le noeud de la crise ? Un hallucinant Conseil Européen se déroulant en 2021. Cette réunion des chefs d’Etat s’ouvre sur un discours imaginaire … mais si proche de la réalité : « L’Italie, l’Espagne et la France sont en cessation de paiement en raison de la dépression qui suit l’épidémie et ses rebonds. Ils ont absolument besoin d’argent frais que nos amis du Nord leur refusent en acceptant tout juste des lignes de crédit soumises à de multiples conditions. Nous sommes cernés ! Je vous supplie de vous mettre d’accord, mes chers amis. ».Soudain l’édifice pourrait s’écrouler, rien ne tient plus,  ni la valse des échecs, des non-dits, des rêglements absurdes, des subventions arrivant avec cinq ans de retard, ni tout le fatras européen de dispositifs absolument pas opérationnels comme « une énorme farce ». Selon H. Malosse les pays européens sont divisés en quatre groupe: « ceux qui partent, après le Brexit, il y a un risque pour les Pays-Bas et la Pologne. Puis les bien portants autour de l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, le Danemark, la Suède. Dans le 3 ème groupe les pays d Europe centrale et orientale  dits souverainistes : Pologne, Hongrie, République Tchèque, Lettonie, Slovaquie, Slovénie, Croatie, Bulgarie, Roumanie. Ils bloquent le budget, vivent leurs vies acceptent les aides mais sans qu’on se mêlent de leurs affaires. Et puis il y a les Pays du sud : la France, l’Italie, l’Espagne, la Grèce. Affaiblis par la Covid, ils sont surendettés et leurs balances commerciales sont désastreuses ». Le constat d’Henri Malosse est déchirant et nul ne sait ce qui va advenir dans le réel. Quant à la fiction de ce Crépuscule des bureaucrates elle nous prédit un avenir que je vous laisse découvrir. Ainsi selon la Banque mondiale et le FMI la France serait en phase de décrochage passant à la 10ème place pour le PIB par habitant. E. Macron dans tout « ça »? Exceptées ses habituelles incantations, il découvre encore (après 3 ans de présidence) une Europe dont il n’a compris ni la pathologie, ni les enjeux. Le décrochage de la France est une évidence mais il ne propose aucune sortie de crise. Quant à la renaissance d’une Europe, les pistes sont explorées par les ex-bureaucrates mais c’est de la pure fiction : « Le 17 novembre 2021 à 16h34 exactement, prit fin à Bruxelles, dans la salle de réunion du Conseil européen, l’aventure européenne que les Pères fondateurs avaient mis tant d’énergie à bâtir sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale. Le beau rêve européen disparut dans l’indigence et l’indifférence. » De plus Henri Malosse déclare : «  Les protagonistes de ce récit sont des personnages de composition. Toute ressemblance précise avec des personnes existantes ou ayant existé serait fortuite. »

LV « 

Source : Le « Crépuscule des bureaucrates »: l’Europe qui pourrit par la tête… | Le Club de Mediapart

Regarder le « futur » de l’Europe.. dans le rétroviseur ?

Sans doute par routine ou manque d’imagination, nos leaders actuels de l’Europe veulent imaginer le futur avec des personnalités du passé !

Pour présider la Conférence sur le « Futur de l’Europe », voulue par Merkel et Macron, les mêmes mettent en avant la danoise Helle Thorning-Schmidt, ancienne Première Ministre du Danemark, mariée à Sven Kinnock, fils de l’ancien Commissaire européen Neil Kinnock, qui fut aussi Leader du parti travailliste britannique.

Les autres noms cités (Enrico Letta, Dalia Grybauskaité ou Guy Verhofstadt) sont d’anciens Présidents ou anciens Premiers Ministres.
Au-delà de l’anecdote et d’une forme de « consanguinité » entre toutes ces personnes qui se ressemblent tant (mêmes études, mêmes familles, mêmes idées, mêmes cercles, népotisme.) il faut regretter surtout l’absence des citoyens de base et des jeunes. Certes la Conférence va les consulter de temps en temps, pour la forme, avec des évènements WEB et autres gadgets, mais on se doute bien que ce sera juste pour se donner bonne conscience. Lors de la Convention sur l’avenir de l’Europe en 2002 présidée par Valery Giscard d’Estaing il y avait au moins un Vice-Président, le belge DE HAENE, en charge d’un dialogue avec la société civile, qu’il mena d’ailleurs assez habilement. Mais il fut peu ou pas écouté.

Cette fois-ci, la composition de cette Conférence laisse encore moins planer le doute : députés, ministres, commissaires, émissaires et bureaucrates ..Comme si la lumière pouvait jaillir de gens qui l’ont éteinte depuis bien longtemps pour se conformer aux modes et au politiquement correct.

Je me prends à rêver d’une Convention de citoyens et d’une convention de la jeunesse, les deux sans filtres, choisis sur Internet en fonction de la qualité de leurs propositions par un jury indépendant, composé de personnalités de tous les bords politiques et sociétaux, reflétant bien la diversité de nos opinions, des plus fédéralistes aux plus souverainistes

Et ce seraient les citoyens et les jeunes qui nous donneraient ainsi leurs visions du futur de l’Europe

Car, contrairement à l’adage « ce n’est pas avec les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes »…

Henri Malosse

Auteur du « Crépuscule des Bureaucrates »

https://crepusculedesbureaucrates.org/le-livre/

L’UE survivra-t-elle au Coronavirus ?

Comme dans « le Crépuscule des Bureaucrates », le véto du 16 novembre opposé par la Pologne et la Hongrie au Plan de relance de l’UE et au  Budget européen pour les 7 prochaines années, fait craindre le pire pour l’Europe pour l’année 2021 et les années suivantes ! l’UE survivra-t-elle au Coronavirus ? 

Seuls ceux qui ne comprennent rien (ou très peu) à l’Europe, pouvaient avoir pris des vessies pour des lanternes et cru que le compromis du 21 juillet dernier allait assurer à l’Europe un plan de relance de 750 milliards d’Euros et un budget de plus de 1,1 trillion pour les 7 années qui viennent (voir l’annexe 3). La Slovénie vient d’ailleurs de rejoindre le camp du refus ! 

Le compromis du 21 juillet au Sommet européen portait déjà les germes de l’échec d’aujourd’hui :

  • En revenant, avec l’accord entre le Conseil européen et le Parlement européen de la semaine dernière, sur une conditionnalité des aides européennes au nom d’un « état de droit », aux contours mal définis, et essentiellement dirigé contre la Pologne et la Hongrie, le véto était en marche ! Croire que les dirigeants Viktor Orban et Jaroslaw Kaczynski allaient céder et revenir sur ce qu’ils avaient obtenu au Conseil du 21 juillet, à savoir une conditionnalité très souple et sans effets réels, était bien mal les connaître. Avec une situation économique meilleure que celle de l’Europe du Sud (France comprise), ces Etats ne sont pas si attachés qu’on ne pense aux aides de Bruxelles et ils placent leur souveraineté bien au-dessus des questions d’argent ! Une bonne leçon pour les bureaucrates et autres Diplomates !

Même si la Pologne et la Hongrie sont toutes deux  bénéficiaires majeurs des fonds de l’UE (voir annexe 1) – et sont touchées par la deuxième vague du coronavirus, ils n’ont pas de raison de céder maintenant d’autant que, avec la lenteur des procédures européennes, ils auraient de toutes les façons des délais importants avant de recevoir des fonds de relance ou du budget 2921-2027. Il y a d’ailleurs d’importants reliquats à éponger un peu partout sur les programmes précédents. Selon Zbigniew Ziobro, le ministre polonais de la justice, « il ne s’agit pas de l’État de droit, mais il s’agit en réalité d’un asservissement institutionnel, politique et d’une limitation radicale de la souveraineté . Le mécanisme proposé ne ferait que mettre en danger la démocratie et la souveraineté du peuple polonais ». Quelques jours plus tard d’ailleurs, on apprenait que la Slovénie rejoignait la Pologne et la Hongrie dans son opposition à l’accord entre le PE et le Conseil. Même s’ils ne le disent pas tout haut encore, d’autres états pourraient suivre et ne se privent pas déjà en « off » de donner raison à Viktor Orban et à Jaroslaw Kaczynski ! 

  • Le compromis du 21 juillet ne portait que sur les dépenses et laissait dans le flou la question de savoir comment trouver les recettes pour boucler le budget. Les différentes suggestions de la Commission européennes (taxes carbones extérieures et intérieures, transactions financières, GAFA) ne recueillent que très peu de soutien, surtout aux Pays-Bas, Allemagne, Autriche et Europe du Nord. Même s’il n’y avait pas eu de veto Hongrois et Polonais, la discussion budgétaire était mal partie, avec la nécessité de ratification parlementaire dans 20 pays et la recherche de nouvelles ressources propres ! La Pologne et la Hongrie le savaient bien, en apposant leur véto, que la négociation était loin d’être finie et qu’ils avaient devant eux des mois et des mois de négociation ! 

Pour que le paquet de €1.8 trillion du bloc devienne une réalité, il y a encore de multiples obstacles potentiels. Tout d’abord, le budget de sept ans doit obtenir le soutien du Parlement Européen et un soutien unanime au Conseil avant de pouvoir entrer en vigueur. On est loin, sans conditionnalité pas de soutien du Parlement, avec la conditionnalité, veto des 2 pays.  La décision sur les ressources propres a également besoin d’un soutien unanime au sein du Conseil, avant d’être ratifiée par les parlements nationaux des États membres. On en est très loin ! Même si une solution temporaire pourrait être trouvée au Conseil avec la Pologne et la Hongrie, les Parlements nationaux de Budapest et de Varsovie auront la possibilité de mettre leur veto sur les modalités de financement du fonds de relance de 750 milliards – ajoutant une pression supplémentaire sur les négociateurs. De l’autre côté, certains Parlements de pays comme la Finlande ont déjà indiqué clairement qu’ils ne ratifieraient probablement pas la décision sur les ressources propres si les législateurs estiment que la Hongrie et la Pologne ont reçu trop de concessions sur la question de l’État de droit. Enfin plusieurs Parlements d’Europe du Nord seront très sourcilleux sur les « nouvelles ressources propres » de l’UE , afin d’éviter qu’elles ne soient pérennes. De nombreux pays s’opposent aux taxes sur les GAFA et aux taxes sur les transactions financières.

Face à cette situation de blocage, le scénario le plus probable est :

  • L’UE n’ait pas de budget pour l’années 2021 au moins. Elle devra vivre par conséquent avec le système de pis-aller des 12èmes provisoires de l’année précédente mais qui interdit toute nouvelle politique, comme la santé par exemple ! Le programme de l’Union de protection civile et de santé de 9.7 milliards d’euros, inscrit dans le plan de relance, ne serait donc pas une réalité (voir annexe 2).
  • Une tentative de bricolage institutionnel pour « sauver » le plan de relance, en dehors du budget de l’UE – en tant qu’accord intergouvernemental entre les pays. Alors que les fonctionnaires de la Commission européenne avaient écarté cette voie au printemps dernier car elle serait trop compliquée et prendrait beaucoup de temps, c’est peut-être une option qui serait à nouveau explorée. Mais elle risque d’entraîner une augmentation de la part « prêts » par rapport à la part « dons », ce qui n’est pas une bonne nouvelle ! 

On se demande donc bien si ce n’est pas la mort annoncée pour l’Union Européenne.. comme dans le Crépuscule des Bureaucrates !

Henri Malosse

Président du Think tank TheVocalEurope.eu

Ancien Président du Comité Economique et Social Européen 

Auteur de l’ouvrage : « Le crépuscule des Bureaucrates » (Éditions du Palio) qui raconte justement ce qui est en train de se passer…