l’EUROPE EST ELLE LA GRANDE PERDANTE DE LA GUERRE EN UKRAINE

La visite du Président zelensky ce 8 février en Europe, commençant par londres avant d epasser à Paris, puis par Bruxelles, est un pavé dans la mare pour tous les amoureux d’une vraie Europe, comme moi !

J’ai été présent sur la place de Kiev pendant l’hiver 2013:2014 ( maïdan) , j y ai passsé plusieurs jours et plusieurs nuits . j’ai été le seul Président d’une Institution européenne à m’y rendre ! En retour, le patraiarche Fillaret de l’Eglise orthodoxe ukrainienne est venue me décorer à Bruxelles quelques mois après de l’Ordre de saint Vladimir, tandis que Vladimir Poutine me plaçait sur la liste des 89 premières personnalités européennes interdites de séjour en Russie ( Interdiction qui est toujours d’actualité )

Cela étant, je regarde les évenements depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une pure folie à mon avis, avec circonspection d’un point de vue européen, que je me propose de développer dans ce Blog dans les semaines à venir…..

Repenser la relation franco-allemande

Repensons la relation franco-allemande !

Par Henri Malosse

Président de l’Association Jean Monnet

On évoque souvent le « couple «  franco-allemand .. Mais comme dans tous les couples, après la lune de miel, viennent les habitudes, les petites cachotteries et parfois même les trahisons. C’est ce que nous vivons depuis plusieurs années, entre une impression de lassitude et surtout des déceptions du côté français vis-à-vis d’un allié allemand qui écoute de plus en plus souvent les sirènes américaines pour ses achats, notamment d’armements !

On pourrait même parler d’un amour déçu des deux côtés :

La France qui constate que son puissant voisin, au-delà des démonstrations de fidélité bien peu convaincantes, regarde vers d’autres horizons, américain, est-européen ou asiatique, pour trouver son bonheur

L’Allemagne qui, après avoir cru un moment que son voisin « cigale » deviendrait « fourmi » comme elle, s’est résigné devant ce pays de frondeurs, de dépensiers et de superficiels..

On se souvient tous avec émotion de la grande gloire du couple franco-allemand quand le Chancelier Adenauer dînait en intimité avec le couple De Gaulle à Colombey les deux Eglises. Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt sont restés de vrais amis jusqu’à leur mort ! Le dernier « couple » fusionnel a été sans conteste celui entre le chancelier Kohl et le Président Mitterrand qui avaient de longs tête à tête très intimes, notamment à la célèbre Winstub « chez Yvonne » à Strasbourg !

Mais ces relations intimes n’étaient pas simplement au niveau supérieur des chefs d’état !

Depuis le Traité de l’Elysée en 1963, ce sont des milliers de liens qui se sont tissés entre villages, villes, fanfares, associations sportives, cellules syndicales, chambres de commerce, artisans et professions des deux côtés du Rhin,

Grâce à la géniale création, lors du traité de l’Elyséen de 1963, de l’office franco-allemand de la jeunesse (OFAJE), des dizaines de milliers de jeunes allemands et français ont appris à se connaître, à séjourner et à étudier chez leurs voisins

Comme bien d’autres, et plus que les autres car mon père avait été professeur d’allemand, j’ai effectué des séjours dans des familles allemandes, participé au jumelage entre les villes de RODEZ et de BAMBERG, en passant un mois dans cette magnifique ville de Franconie et guidant un peu plus tard une dizaine de jeunes en Aveyron pendant un mois.

j’ai pu aussi, alors que le programme ERASMUS de l’union européenne n’existait pas encore, faire deux semestres d’études à l’ « Institut für Politik » de Munich grâce à l’office franco-allemand de la jeunesse de Ludwigsburg.

Ce sont nos deux cultures qui ont aussi commencé à s’entremêler, la chaîne ARTE fut ainsi crée,

A partir des années 1960, l’apprentissage de l’allemand s’est nettement popularisé en France, et pas seulement dans les régions frontalières de l’est, notamment en Alsace, traditionnellement germanophone, mais un peu partout dans l’hexagone jusqu’à la Corse ! L’Allemand est devenu la deuxième langue étrangère étudiée en France, devant l’espagnol, l’italien ou le Russe ! En Allemagne également, un véritable engouement est né en faveur de la France et de la langue française : Il n’est pas rare de rencontrer des allemands de ma génération parlant un très bon français ..

Dans les années 1980 encore, le plus grand nombre de mariages entre Français et étrangers européens . .étaient les mariages mixtes franco-allemands . (en majorité d’ailleurs entre une allemande et un Français.. va savoir pourquoi ?.. )

En écrivant ces lignes, il me semble parler d’un temps révolu depuis bien longtemps !

Aujourd’hui le président Macron converse avec Angela Merkel [1]en anglais et cela sera sûrement la même chose avec son successeur ! Autres temps, autres mœurs ! Quand les élites françaises et allemandes se rencontrent, elles utilisent une « mauvaise » langue de Shakespeare  ! Les jeunes baragouinent aussi leur anglais de série américaine et ils sont de moins en moins nombreux à faire l’effort d’apprendre une autre langue !  Les jumelages qui foisonnaient au plan local  se sont pour la plupart éteints ou endormis. Il y en a bien encore quelques-uns qui subsistent mais sur un mode mineur et plutôt symbolique !

Où est passé l’enthousiasme d’antan qui faisait que des jeunes, des retraités, des musiciens, des sportifs, des choristes, etc.. se faisaient des amis de l’autre côté du Rhin !

Je reste persuadé que toutes ces relations humaines nouées entre les années 60 et 80 ont fait bien plus pour la réconciliation franco-allemande que tous les Sommets, Conseils des Ministres mixtes et autres réunions qui se sont multipliés au sommet entre nos deux pays au cours de ces dernières années mais sans apporter l’élan et l’enthousiasme des débuts !

Je voudrais ici en fait suggérer, d’abord que nos deux pays relancent la dynamique de nos relations au niveau local, villages, villes, chambres consulaires et tissu associatif,

Mais on sent bien que, comme pour des histoires de couple, le réchauffé » peut avoir du mal à prendre ! Alors, je voudrais revenir à une idée qui me trotte depuis longtemps dans l’esprit !

Et si nous étendions cette relation privilégiée à d’autres partenaires ?

Je pense d’abord aux voisins de l’est ! dès 1991, l’Allemagne et la Pologne ont convaincu la France de rejoindre un « triangle de Weimar »  entre les 3 pays .


Cette initiative, très soutenue par le Chancelier Helmut Kohl à l’époque, ne rencontra jamais beaucoup d’enthousiasme du côté de Paris. Alors que les Allemands y voyaient un lien symbolique entre 3 pays marqués par les ravages du nazisme, de la seconde guerre mondiale et de l’occupation soviétique, Paris n’y a jamais marqué un réel intérêt .  Helmut Kohl, qui voulait aussi une réconciliation Est-Ouest, voyait la relation franco-allemande comme un modèle pour la réconciliation germano-polonaise . Il proposa ainsi d’étendre l’office de la jeunesse à la Pologne, d’élargir les jumelages . Paris fit la « sourde oreille », ce qui, d’une certaine façon aussi amorça la baisse d’intensité de la relation franco-allemande car il était évident que l’Allemagne réunifiée  allait se tourner davantage vers l’Est.  Y associer la France davantage aurait été une occasion en or pour notre pays, une occasion de plus ratée par nos élites parisiennes qui connaissent si mal l’histoire et la géographie de l’Europe !

Paris n’y a vu qu’un dispositif diplomatique de plus, qui continue d’ailleurs mais sans aucun éclat..

Mais alors que la Pologne, et plus largement les pays d’Europe centrale et orientale, ceux du pacte de Visegrad, s’éloignent, doucement mais sûrement d‘une Union européenne qui les réprimande sur leurs choix de civilisations, ne serait-il pas temps de relancer des jumelages à partenaires multiples, non seulement entre Polonais, Allemands et Français, mais aussi entre nous tous citoyens européens ! L’ « Europe d’en haut » ne fera jamais plus rêver les citoyens de toute l’Europe comme le fit en son temps la réconciliation franco-allemande !

Il est temps ici de rappeler la formule célèbre de Jean Monnet :  « Nous ne coalisons pas des états, nous Unissons des Hommes »

Henri Malosse

Président de l’Association Jean Monnet


[1] Tandis qu’Angela Merkel et Wladimir Poutine ont le choix entre le Russe ou l’Allemand pour s’entretenir sans interprètes !

Les dérives d’une Europe centralisée et technocratique

Les dérives d’une Europe centralisée et technocratique

Les attaques récurrentes de la Commission européenne contre la Pologne et la Hongrie ne sont que la traduction la plus visible du malaise grandissant que des Européens convaincus comme moi rencontrons quand nous regardons l’évolution des institutions européennes depuis ces dernières années !

Le jeune passionné d’Europe que j’étais n’aurais jamais pu imaginer, quand je débraquais pour la première fois à Bruxelles à la fin de l’année 1979, plein d’étoiles européennes dans les yeux, que le sujet principal d’un Conseil européen pourrait être un jour la question des « droits » LGBT ?

                Comment en est-on arrivé là !, C’est la question d’aujourd’hui que l’on doit se poser , Comment et pourquoi un tel glissement qui nous fait penser que « Jean Monnet, Robert Schuman, Alcide de Gasperi, Konrad Adenauer ou Paul-Henri Spaak » ne reconnaitraient plus aujourd’hui la Communauté européenne qu’ils avaient fondée

Soulignons d’abord qu’en se transformant de Communauté en Union, l’Europe d’aujourd’hui n’a ni gagné en cohésion, ni en vision . j’aimais beaucoup le terme de communauté, communauté d’une histoire commune,  communauté d’une civilisation européenne commune, communauté de destin ! C’est à la fois beaucoup plus fort qu’Union mais aussi plus lié aux racines chrétiennes de l’Europe : la communauté commence avec la famille, après par le village ou la cité, après par la communauté nationale, l’Europe venant s’ajouter comme un lien de solidarité supplémentaire qui nous enrichit. Les Communautés sont avant tout des cercles de solidarité, d’entraide et de partage, pas des outils de pouvoirs et de soumission. Ils se superposent et occupent différentes sphères, vie privée, vie locale, vie nationale, Europe !  Les Communautés, familiale, locale, nationale et européenne, occupent des sphères différentes, elles cohabitent harmonieusement, aucune ne prétend régir l’autre ! C’est là toute la différence avec l’Union européenne d’aujourd’hui qui prétend interférer, au nom de prétendues « valeurs communes « dans la sphère familiale, locale ou nationale de nos pays et de nos territoires !

De la Communauté à l’Union européenne : le traité de Maastricht de 1993 a ouvert la voie à une Europe qui veut dicter sa loi !

Officiellement, c’est le traité de Maastricht, surtout connu pour avoir mis en place la monnaie unique, qui a substitué l’Union européenne à la Communauté européenne. On a institué également une Banque centrale européenne pour les pays de la zone €uro, avec pour la première fois une vraie institution fédéraliste. On peut dire que là on a semé les graines du centralisme bureaucratique que nous connaissons aujourd’hui ! Derrière la monnaie unique, dont on ne peut nier certains des avantages, il y a avaient les fameux critères de « Maastricht » (déficit public, dette public, taux d’inflation.. ..) qui peu à peu se sont transformés en feuilles de route obligatoires pour les états de la zone €uro (mais aussi indirectement aux autres) . De simples critères bien rigides, on a glissé vers un mécanisme d’évaluation semestrielle des politiques économiques des états au travers des « semestres européens », des bons et des mauvais points donnés par la bureaucratie européenne.  C’est à ce titre, que des technocrates européens sans légitimité, peuvent inciter les états à des réformes structurelles majeures (pensons à des réformes des retraites..). D’une manière générale, après le Traité de Maastricht, la Commission européenne s’est peu à peu érigée en censeur des politiques économiques des Etats Membres, y compris en reprochant au gouvernement hongrois de favoriser l’emploi local et les petites et moyennes entreprises par rapport aux multinationales ! Un mécanisme de sanctions a même été instauré, même si dans les faits jamais pratiqué, mais c’est un précédent qui est utilisé aujourd’hui au nom d’un « état de droit » interprété de façon tendancieuse par des juges « hors sol » ! On voit ainsi bien en effet  la dérive qui a consisté à imposer des sanctions à ceux qui ne respectent pas la route tracée. Lors de la grande crise financière après 2008, on a vu comment la  terrible « Troïka » constituée par le FMI, la Banque Centrale Européenne et le Fond Monétaire Internationale ont carrément « pris leur quartiers » à Athènes et dirigé le pays en lieu et place du gouvernement grec, au point d’imposer, avec un chantage aux « liquidités /cash » vis-à-vis des citoyens, l’inversion du résultat d’un référendum ! Fort heureusement la Hongrie, pays touché également sévèrement pas la crise des « SubPrimes » a pu s’en sortir, essentiellement par ses propres moyens, et sans une mise sous tutelle du pays,

Le traité de Nice où l’avènement d’une Europe dominée par les (le ) plus grand état

Le traité de Nice de fin 2001 verra l’Allemagne réunifiée imposer un certain nombre de corrections qui vont paraître mineures sur le coup mais dont on verra assez vite les conséquences. La première, la plus spectaculaire, c’est la remise en cause les règles existantes sur les procédures de votes au Conseil et le nombre de siège au Parlement européen. La réforme de Nice accentue la prédominance des grands pays avec la règle des 62 % de la population pour qu’un vote à la majorité qualifiée soit effectif. Elle a surtout entériné le statut de leader de  l’Allemagne qui devient le pays le plus représenté au Parlement européen en nombre de sièges et qui a le plus de poids dans les votes au Conseil. Ce qui paraît anecdotique, aura pour conséquence une domination progressive du pays le plus puissant de l’Union : présidences de la Commission, postes clés, présidences des groupes politiques du parlement européen, poids majeur dans les décisions. En acceptant la rupture d’un arrangement qui faisait que les  5  « grands pays », Italie, Espagne, France, Allemagne, Royaume Uni, avaient le même poids (on y aurait ajouté la Pologne !) et disposaient aussi de deux Commissaires (réduit à 1 par pays) , on  est entré dans une nouvelle ère de l’Europe de moins en moins équilibrée !

L’autre grand changement du Traité de Nice, passé inaperçu, aura été de déroger au principe de l’égalité entre les commissaires européens. A l’origine,  le Président de la Commission n’était qu’un « Primus Inter pares », principe auquel jean Monnet tenait tellement lorsqu’il mit en place la Première haute Autorité, ancêtre de la Commission européenne. En donnant de vrais pouvoirs au Président de la Commission européenne, y compris celui de se débarrasser d’un ou d’une Commissaire, on a rompu avec le principe de la collégialité. Tout doucement et sans que cela se voit, on sera passé d’une Communauté régie par la collégialité à une structure verticale !

On pourrait ajouter, même si là c’est plus anecdotique, que c’est ce même Conseil européen de Nice, qui décida que les Sommets européens se tiennent à Bruxelles et non plus dans le pays assumant la Présidence tournante de l’Union, préparant ainsi doucement la création par le Traité de Lisbonne 9 années plus tard d’un poste fixe de Président du Conseil. C’est un affaiblissement  considérable du rôle des Présidences tournantes, qui sont juste maintenues plus pour la forme que pour la réalité aujourd’hui. La conséquence en est une présidentialisation verticale d’une Union gérée depuis Bruxelles, tournant le dos d’une Europe collégiale où chaque Etat assumait à tour de rôle un vrai leadership

Chaque transformation va dans le même sens, plus de verticalité et moins de collégialité !

 Le parachèvement d ‘une Europe centralisée et sous influence : le traité de Lisbonne de 2009

Alors que les citoyens français et néerlandais avaient refusé le Traité constitutionnel par des votes en 2005, les dirigeants européens trouvèrent le moyen d’en imposer les aspects les plus contestables avec l’adoption du traité de Lisbonne en 2009 en catimini. Ce traité a pour résultat de politiser la Commission européenne en la mettant sous la responsabilité du Parlement européen qui a le pouvoir de procéder en plus,  à l’américaine, à l’habilitation des Commissaires européens . La Hongrie a vu comment, avec le veto injustifié à la candidature de Karoly Troscanji , comment  des majorités politiques hostiles pouvaient se servir de cet instrument pour « punir » les pays qui ne suivent pas leur ligne politique. Par une interprétation exagérée du traité de Lisbonne, le Parlement européen a inventé le principe des « Spitzenkandidaten », terme allemand qu’on n’a jamais traduit dans d’autres langues tellement son origine est claire. Par ce principe, ce sont les « partis politiques européens », structures de coalitions regroupant souvent des forces disparates et sans réelle existence autre que de circonstances, qui proposent des candidats au Poste de Président de la Commission européenne. Le « parti européen » ayant le plus de sièges, voit  son « candidat » choisi par le Conseil européen. Ce fut le cas de Jean-Claude Juncker en 2014, candidat désigné par le Parti populaire européen, malgré l’opposition de plusieurs chefs de  gouvernement, y compris venant du même courant politique conservateur. En 2019, l’opposition de la France à Manfred Weber, candidat choisi par le PPE, a fait capoter en apparence le principe du « spitzenkandidaten » mais qu’en apparence seulement car un candidat CDU allemand a été remplacé par une ancienne Ministre CDU allemande. Dans ce dernier cas, c’est la Chancelière Merkel qui a fait le choix. Les candidats des partis social-démocraties et libéraux se sont retrouvés aux postes de Vice-présidents, faisant ainsi de la commission européenne un gouvernement de coalition au sein duquel d’ailleurs les forces politiques plus à droite et aussi plus à gauche sont absentes ! Le Président du Conseil, le libéral belge, Charles Michel, a fait lui-aussi parti du marchandage et ce poste-là est également devenu « politique » ! On est bien loin d’un collège de « personnalités indépendantes et compétentes, œuvrant pour le bien commun, » tel que l’avait dessiné Jean Monnet ! Il s’agit ni plus ni moins que d’un gouvernement de coalition des forces dominantes !

Je voudrais vous révéler aussi un aspect peu connu des implications négatives du traité de Lisbonne. Il élargit les pouvoirs de la Commission européenne à agir au travers d’ « actes délégués », en France nous dirions des décrets-lois ou des ordonnances. Une fois le Parlement et le Conseil des Ministres européens ayant donné leur aval sur des grandes ligne politiques, la Commission européenne peut édicter des lois sans pratiquement aucun contrôle réel ni possibilité de véto, ni du parlemente européen, ni des parlements nationaux, ni des états ! On vient de le voir avec l’adoption du « Plan vert/green Deal » de madame Von der Leyen dont de nombreux aspects qui touchent la vie des gens comme la taxonomie, qui est l’évaluation des activités en fonction de leur impact sur l’environnement, qui peut pénaliser notamment des petites et moyennes entreprises. Pour mettre en place cette taxonomie, la Commission agit par des « actes délégués », donc sans contrôle ni des Etats ni des Parlements !

Lors d’un discours, resté célèbre, devant le Collège de l’Europe de Bruges en novembre 2010, la Chancelière Merkel avait   clairement annoncé la couleur. Elle a dit : «en Europe aujourdhui, l’harmonie n’est plus un but en soi »- il nous faut une Europe obéissant à des règles solides »  et donc identiques ! . C’est ainsi que peu à peu a pu se mettre en place « une Europe allemande », avec une domination quasi sans partage des postes-clés, mais aussi des postes de l’ombre : secrétaires généraux des Institutions, Directeurs de Cabinets des Commissaires et Présidents..

 Les Pères fondateurs eux, rêvaient bien d’une harmonie entre les peuples et non pas de diktats, de sanctions et de contraintes . Ils voulaient la collégialité et pas la domination d’un pays ou groupe de pays sur les autres !

La Bureaucratie est devenue le vrai centre de décision de l’Union européenne

Au fil des ans, d’augmentation de salaires en accroissement des effectifs, on dit plus de 100 000 fonctionnaires et autres agents divers et variés aujourd’hui, s’est constituée une nouvelle classe dirigeante européenne, possédant , généralement, ce sentiment d’arrogance de celles et ceux qui appartiennent à l’élite – Ceux qui qui savent-… La troisième génération des eurocrates n’est plus l’administration de mission des débuts, des jeunes avec des étoiles européennes pleins les yeux. On vient à Bruxelles pour faire carrière, attirés par des salaires élevés et par l’illusion du pouvoir, beaucoup  plus que par conviction européenne !

Certes les grands pays, Paris et Berlin, et avec l’affaiblissement français, tout  simplement Berlin, donnent le ton. Mais la mise en application des mesures, ce qui est déterminant, est du ressort de la machinerie compliquée et hiérarchisée de la Commission européenne. L’administration de Bruxelles, éloignée de la réalité de la vraie vie, protégée pour toujours des risques du chômage – même celles/ceux, non fonctionnaires qui doivent quitter l’administration, auront des revenus à vie- se tourne de plus en plus  vers l’idéologie mondialiste et « woke », influencée en cela par les modes venues des universités gauchistes américaines. La nouvelle « classe dirigeante » suit ainsi la mode du « politiquement correcte » et cette sociologie influence forcément ses décisions .

Bien que  coupée du terrain, la bureaucratie européenne se méfie beaucoup des administrations nationales qu’elle voit comme ses concurrents. Elle n’accorde plus du tout non plus, comme autrefois, l’attention qu’ils mériteraient  aux corps intermédiaires traditionnels que sont les syndicats, de salariés ou de patrons, ainsi que des grandes associations de la société civile comme par exemple celles qui représentent les familles. Il faut voir le grand mépris affiché aujourd’hui vis-à-vis du Comité Economique et social européen, dont j’ai été le Président, où les représentant de ces  corps intermédiaires siègent, désignés par les Etats.

Il n’en a pas toujours été ainsi. A l’origine, Jean Monnet attachait une très grande importance à la participation des acteurs économiques et sociaux aux premières communautés européennes ! Dès la Communauté européenne Charbon-Acier de 1951, un Comité consultatif des partenaires sociaux est ainsi érigé aux côtés d’une Assemblée parlementaire !

Mais auprès de qui,  si ce n’est plus avec les partenaires sociaux traditionnels ni les gouvernements nationaux, la Commission européenne trouve-t-elle conseils et avis avant de proposer des lois et des programmes ?

D’abord il y a les lobbies qui font son siège en permanence, ceux qui ont les moyens d’entretenir des armées de représentants à Bruxelles ou de payer des avocats ou des anciens fonctionnaires. Les lobbies ce sont des intérêts privés, notamment les grandes multinationales ! Figurez-vous que Google, à deux pas des sièges des institutions européennes, occupe un immeuble entier ! Ce ne sont pas les petites et moyennes entreprises qui pourraient s’offrir, bien entendu, de tels moyens

A coté des lobbies, il y a maintenant les ONG, environnementalistes, du « genre », LGBT et autres, souvent aussi avec de gros moyens, qui vocifèrent tous les jours sous les fenêtres des députés et fonctionnaires européens. Portés par le « politiquement correct » d’une bureaucratie conformiste, ils trouvent des oreilles très attentives et sont devenues les maîtres à penser de la bureaucratie européenne.

On voit ainsi comment les équipes de pionniers de Monnet, Schuman et Adenauer ont été remplacés par des bureaucrates, soucieux principalement de leurs carrières, et sous l’influence des ONG à la mode aujourd’hui !

Il est donc temps de revenir aux racines de l’Europe et aux  fondamentaux des enseignements des Pères Fondateurs ! Le Manifeste de la Fondation Identité et Démocratie, qui vous a été esquissé par le Président Hervé Juvin nous ouvre, enfin, une perspective de ce retour aux origines !

Mais à quoi servent encore les Conseils Européens ? la réponse dans mon article..

Mais à Quoi servent les Conseils Européens : à rien !

Un autre sommet extraordinaire du Conseil européen des 24 et 25 mai derniers s’est terminé sans apporter de solutions concrètes aux problèmes nationaux et internationaux. Le très discuté certificat COVID numérique de l’UE sera révisé d’ici la mi-juin pour entrer en vigueur d’ici le 1er juillet – tant pour sauver l’été et garantir le droit fondamental de la libre circulation des personnes. Donc aucune décision concrète. Et on se souviendra que pendant les derniers 27 mois de pandémie il y a eu au moins 15 Conseils européens sur le sujet pour le résultat que l’on sait : retards sur les masques et les tets,  aucune coordination sur les mesures de confinement ou pas, aucune coordination pour la circulation des personnes avec le plus grand désordre aux frontières ; commandes groupées de vaccins qui se sont révélées un fiasco total, UE dépendante des autres pour le vaccin..

Finalement, pour le plan de relance de prêts et de subventions de 672 milliards d’€uros, il aura fallu attendre fin mai pour qu’il soit ratifié par quelques parlements nationaux, un an après avoir été annoncé par la France et l’Allemagne . Les principaux bénéficiaires Italie et Espagne n’en pouvaient plus d’attendre ) La France qui voulait absolument un accord s’est contenté de 37 milliards d’Euros, largement en deçà de sa contribution au budget UE ! On sait déjà que cela sera bien insuffisant car ces montants avaient été calculés en mai dernier après la première vague . . les deuxièmes et troisièmes vagues sont arrivées.. .Et encore nous ne sommes pas au bout de la peine, car la Commission européenne , soutenue par les pays dits « frugaux » (ceux qui ne veulent pas payer comme l’Allemagne ou les Pays-Bas) , a imaginé une véritable usine à gaz pour examiner les projets des états à financer avec des critères de sélections tels qu’on imagine que peu vont être acceptés. Il faudra notamment apporter la preuve qu’on a choisi la voie la plus « verte » sans que l’on sache ce que cela veut dire ! Une part importante de ces crédits va être engloutie par conséquents par des consultants voraces … Rien donc en direct pour les régions, territoires, PME le secteur du tourisme, contrairement aux affirmations du Commissaire Thierry breton qui avait annoncé en Mai 2020 un « Plan Marschall pour le tourisme européen à l’automne 2020.. Les professionnels du secteur sont comme la sœur Anne, ils ne voient rien venir

Sur le plan international, l’inutilité des Conseils européens est encore plus flagrante ! Ayant renoncé depuis longtemps à avoir une politique indépendante , se contentant de suivre Washington, les 27 continuent dans la série des phrases creuses et incantatoires ! On appelle à la fin des hostilités et au dialogue ! Bel et Bon, mais avec quels instruments ? Quelles propositions , c’est le néant ! Même pas en rappelant les résolutions des Nations Unies jamais appliquées ..Hamas et Israël peuvent continuer à jouer au chat et à la souris, l’Europe est la grande muette

Cependant, la question qui a monopolisé les discussions des dirigeants européens était le détournement de l’avion de Ryanair par la Biélorussie. Malgré la gravité de la situation, l’UE continue de suivre les mêmes étapes qu’auparavant, c’est-à-dire d’agir uniquement par la parole ; « exigeant la libération immédiate de Raman Pratasevich et de Sofia Sapega, invitant le Conseil à adopter des listes supplémentaires de personnes et d’entités dans le cadre des sanctions et appelant le Conseil à adopter de nouvelles sanctions économiques ». En outre, le Conseil s’en remet à nouveau au Haut Représentant Joseph Borrel  et à la Commission européenne pour soumettre des propositions sur la manière de faire face à la situation.  L’interdiction  des vols de la compagnie bélarusse Belavia ne va sûrement bouleverser la vie du transport aérien, car il doit y avoir une dizaine de vols par semaine vers l’UE, et encore certains pays appliquent et d’autre pas comme on l’a vu pour un vol Minsk-Barcelone interdit de survol de la France, mais pas d’ autres pays européens.

Enervé, lors de sa conférence de Presse à l’issue du Conseil, Emmanuel Macron, répondant à un journaliste, qui l’interrogeait justement sur l’absence de réponses crédible, lui a retourné la question « Et vous, Que feriez-vous ? «  Il s’était déjà illustré à propos de la situation tragique des ouighours en Chine en répondant « On ne va pas faire quand même la guerre à la Chine pour les Ouighours » ! Belle leçon de cynisme !

En fait, il y aurait eu la possibilité d’appliquer de véritables sanctions car la Biélorussie est très dépendante d’investissements européens, notamment allemands, qui profitent d ‘une bonne main d’œuvre qualifiée disciplinée et bon marché pour produire à bon coût et faire du commerce avec la Russie à partir du territoire de Monsieur Loukachenko. D’ailleurs beaucoup des sociétés établies en joint-venture lui appartiennent ! Mais pas question de porter atteinte à un business lucratif .. surtout pour l’Allemagne !

En fait, l’UE est complétement démunie à l’est du continent ! Par suivisme de Washington, elle se contente depuis une vingtaine d’années d’essayer d’attirer dans son camp le maximum de républiques ex soviétiques pour isoler la Russie ! On a vu les résultats : guerre en Géorgie, guerre en Ukraine, annexion par Moscou de la Crimée, raidissement des régimes à Moscou ou Kiev..

Une politique contrastant totalement avec les yeux doux faits à la plus grande et plus dangereuse dictature communiste de la planète, la Chine.

L’UE est donc fort embarrassée car elle n’a pas fait la différence entre les peuples et leur régimes, ce qui a renforcé les dirigeants autocrates . Sans politique à l’Est autre que le simplisme américain selon lequel, si on n’est pas avec eux, on est contre eux, l’UE a raté l’arrimage progressif de la Russie et de son peuple à l’Union européenne, voulu pourtant par Vladimir Poutine lors de son premier mandat dans les années 2000. Cela aurait permis de faire évoluer la société russe en douceur et surtout de lui démontrer que le projet européen n’était pas l’ennemi de la nation russe. En suivant Washington dans ses œillères on a radicalisé une partie des opinions publiques de l’est et facilité ainsi l’évolution autoritaire de leurs dirigeants. Comment la Russie peut-elle accepter une Ukraine ou une Biélorusse hostiles à ses frontières ! Il ne s’agit pas de courber l’échine devant le mégalomane fou de Minsk mais de voir plus loin que la question de « pour ou contre Moscou ». Moscou est bien embarrassé aussi par la situation et les provocations de son obligé de Minsk mais ne peut se permettre d’avoir un état hostile de plus à ses frontières. L’opposition biélorusse est également dans l’impasse pour avoir suivi les mauvais conseils de ses voisins de l’Ouest et de Washington. L’évolution politique dans ces pays se fera par l’intérieur, en respectant le patriotisme et leurs valeurs traditionnelles et sans vouloir importer le « libertarisme » à l’américaine ! l’UE pourrait jouer un rôle véritable si elle le comprenait enfin et tendait la main aux nations est-européennes, (ce qui est différent de la question des dirigeants) sans jouer aux doublures de Washington. La Biélorussie et la Russie seront toujours en Europe et nous devons vivre avec elles ! A nous d’imaginer une relation équilibrée sans compromission ! L’UE est bien toujours officiellement « en négociations d’adhésion » avec la Turquie d’Erdogan, si peu européenne, et dont le régime de terreur n’est pas un modèle ! On vient d’ailleurs lors de ce Sommet d’acter un réchauffement des relations et la perspective d’une libre circulation des personnes sans visas.. Comme toujours, deux poids, deux mesures

La vérité est qu’il n’y a pas de politique étrangère de l’UE. Elle est la pale copie de celle de Washington, dictée de surcroît par les intérêts économiques de l’Allemagne ! Les Conseils européens ne servent donc à rien . Il est temps qu’un vrai « Wind of Change » se produise !

Corse : les possibilités d’une île en Europe

Les possibilités d’une île : la Corse en Europe

On se rappellera de la fameuse citation de Jean-Jacques Rousseau, lui qui écrivit en 1768 à la demande de Pasquale Paoli, un projet de Constitution pour la Corse :

« Il est encore en Europe un pays capable de législation ; c’est l’île de Corse. La valeur et la constance avec laquelle ce brave peuple a su recouvrer et défendre sa liberté mériterait bien que quelque homme sage lui apprît à la conserver. J’ai quelque pressentiment qu’un jour cette petite île étonnera l’Europe. »

Force est de constater que deux siècles et demi plus tard, ce jour où la Corse étonnera l’Europe n’est pas encore arrivé..

Terre de vacances, zone blanche sur la carte de l’Europe, terra incognita pour la plupart, certains même citant l’île d’Elbe comme lieu de naissance de Napoléon Bonaparte, la Corse est devenue une « simple destination touristique », comme tant d’autres et bien des voyageurs ne la choisissent ou ne la choisissent pas qu’en fonction d’algorithmes basés sur un rapport « qualité-prix » d’ailleurs peu favorable.

Mais il n’y a qu’à se promener sur ses côtes, pour constater que la Corse n’échappe plus aujourd’hui à la malédiction de nos temps modernes, privilégiée pour ses paysages, son climat et sa douceur de vivre, elle est tout simplement devenue une terre où l’on construit sa résidence secondaire ou la maison pour ses vieux jours, notamment pour les continentaux français qui en font leur petit paradis rien qu’à eux !

Quelle paraît bien lointaine la Corse de Paoli, théâtre de la première expérience démocratique moderne en Europe ! Clientélisme et pressions sur les votes, sont les réalités d’aujourd’hui, aux antipodes de ce dont rêvaient nos anciens !

Pourtant la Corse a bien des égards pourrait retrouver le chemin de l’Europe, exister politiquement autrement que par de très rares coups de communication ou campagnes publicitaires.

Remettre la Corse au centre de l’Europe, au moins de l’Europe méditerranéenne est possible si l’on sort d’une triste et pauvre logique comptable qui consiste à ne voir de l’Europe que des programmes financiers de Bruxelles, qui se raréfient d’ailleurs et qui sont plutôt sous-utilisés,

Il faut se donner un projet et des moyens :

Le projet est d’abord écologique, économique et social  :  Jusqu’à présent relativement préservée de la bétonisation, il faut mettre immédiatement un coup d’arrêt aux constructions de résidences secondaires, appartements locatifs et  autres qui  gangrènent de plus en plus nos rivages. Envahie par la grande distribution, il faut renverser la vapeur et soutenir à fond les petits commerçants et les petits artisans qui ont tant de peine à subsister. Connue pour la qualité exceptionnelle de ses productions agro-alimentaires, il faut multiplier les appellations d’origines et faire de notre île la Reine des circuits courts..

Jusqu’à présent région la plus pauvre de France, nous pourrions avoir l’ambition d’en faire une des plus prospères d’Europe en attirant les investissements « verts », les projets de l’ « économie bleue »,  en soutenant tous nos jeunes talents pour qu’ils n’aient plus l’obligation de partir, en faisant la promotion de nos innovations, de nos chercheurs, de nos entrepreneurs qui ne devraient pas n’être que des spéculateurs ..

Les richesses de la Corse sont immenses (patrimoine, forêts, eau, sous-sol, agriculture, élevage, viticulture, pêche..) . La Corse est une île riche peuplée de beaucoup de pauvres. La fin des monopoles qui l’étouffent- comme on le voit avec la prix de l’essence- libérera beaucoup d’énergies et nous conduira vers l’Emancipation écologique, économique et sociale. L’autosuffisance énergétique de la Corse est une possibilité à moyen terme si on en a la véritable volonté politique !

En 2 mots, faire de la Corse, si ce n’est un modèle, un exemple vertueux d’une île éco-compatible comme le Costa-Rica peut l’être en Amérique.

Ce sera aussi et surtout un projet politique : malgré lui ou en se servant du cadre que la France nous impose, la Corse peut faire revivre le modèle de démocratie directe, car la taille de notre population s’y prête et les nouvelles technologies de communication le facilitent grandement : référendum locaux et régionaux, consultations permanentes des citoyens, appels à propositions sur toutes le subventions pour en finir avec les petits arrangements etc..

Si l’Etat ne se prête pas au jeu, on pourra faire fonctionner cette démocratie de base en parallèle des structures de la République. La démocratie représentative est partout en crise. La Corse, gangrénée par le clientélisme ne pourrait-elle pas réinventer en quelque sorte une vraie démocratie au sens athénien, agora des citoyennes et des citoyens, élus au service du peuple et non pas peuples au service des Elus ?  Cette nouvelle ambition politique de démocratie directe aidera à l’émancipation du peuple corse, préfiguration de notre marche vers l’autonomie véritable, et demain peut être une forme d’indépendance,

Dans ce projet politique, écologique, économique et social, l’Europe ne nous apportera pas seulement la reconnaissance et l’éclat, mais aussi les moyens que nous n’utilisons pas suffisamment aujourd’hui car nous n’avons qu’une compréhension administrative des procédures européennes sans leur donner de ligne stratégique.

Dans un premier temps, il faudra que la question de l’Europe, ses possibilités pour la Corse et ce que la Corse peut lui apporter, soit l’affaire de toutes et de tous, et surtout pas celle des spécialistes :

Une grande délégation pour l’Europe, dirigée par des Elus, associera en permanence les forces vives de l’île, chambres consulaires, organismes professionnels, université, syndicats, communes, jeunes, citoyens .. pour établir des plans et des projets. Elle travaillera en toute transparence à l’opposé des conciliabules de couloirs et secrets de cabinets.

Son relais à Bruxelles, le Bureau de la Collectivité, sera aussi à la disposition de toutes et tous ! Il aura pour mission principale de faire connaître en Europe les succès des Corses et les réussites de la Corse, de nouer des relations avec les autres Régions et territoires d’Europe pour multiplier les projets communs et échanges d’expériences !

Les Elus de Corse entreprendront de nouer relations privilégiées et durables avec nos voisins, Italiens, Sardes, Maltais, des Baléares et des autres pays et régions qui voudront bien échanger avec nous. Ces relations seront guidées par un seul critère : amener des projets concrets comme des échanges d’expériences en matière de santé, des actions susceptibles d’être financées par Bruxelles, des séjours de jeunes ou d’étudiants comme il y a peu l’île de Malte nous l’avait  proposé.

Nos Elus, accompagnés des responsables de la société civile, se déplaceront à Bruxelles, non pas pour mendier des subventions, mais pour faire reconnaître nos droits, utiliser l’Europe pour desserrer l’étau des monopoles qui nous étouffent. Ils se déplaceront aussi à Strasbourg pour faire connaître notre projet politique au Parlement européen, ainsi qu’aux instances du Conseil de l’Europe, les seules aujourd’hui à soutenir l’usage et le développement de notre langue corse !

Nous accueillerons de nouveau des relais de l’Europe en Corse, comme il en a existé il y a encore quelques années, notamment destinés à informer la jeunesse sur les programmes et réalités de l’Europe, et actifs cette fois sur l’ensemble du territoire de notre île !

Enfin, comme l’Union européenne traverse une période de grande turbulences et s’est engagée dans une réflexion sur son avenir- avec une Conférence sur le Futur de l’Europe– la Corse, avec la participation de toutes et de tous, fera sa propre proposition en faveur d’une Europe des territoires, décentralisée, respectueuse des identités, populaire. Une Europe démocratique et éprise de libertés où les peuples seront souverains quoi qu’il en coûte et qui tournera le dos aux diktats de l’oligarchie de la finance ou du libre-échange, une Europe des circuits courts et des territoires libres et auto-suffisants mais échangeant entre eux. Une Europe qui refuserait la logique du Nord industriel et du Sud touristique ! Une Europe où les normes et les lois s’adapteront à la réalité des territoires et non pas l’inverse comme aujourd’hui . L’ambition sera de faire de la Corse l’Inspiratrice d’une nouvelle Europe qui se construit à partir des territoires et non pas à partir de Bruxelles

Si d’autres pays ou régions, territoires insulaires ou pas, veulent nous rejoindre, ils seront les bienvenus, mais nous ne laisserons pas notre vision se faire diluer dans un projet commun des îles ou des territoires qui affadirait notre message. Nous refuserons la coalition des défavorisés qui ne font que demander plus d’argent, plus d’argent à Paris, plus d’argent à Bruxelles …. Nous avons plus à apporter à l’Europe qu’elle en a à nous donner ! La Corse est très riche ! La Corse est pleine de talents ! A nous d’étonner l’Europe !

Henri Malosse

Président du Think tank européen « The VocalEurope.eu « 

Ancien Président du Comité Economique et Social Européen ( CESE)

L’Europe qui fait les yeux doux à Erdogan !

Bruxelles voudrait-il remplacer le Royaume-Uni de Boris Johnson par la Turquie de Recep Erdogan ?

Décryptage : Mais pourquoi donc Bruxelles fait les yeux doux à Erdogan ?

Veulent-ils faire de la Turquie le 28ème Membre de l’UE, en remplacement du Royaume Uni ?

La visite du 6 avril 2021 du Président du Conseil européen Charles Michel et de la Présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen chez le président de la Turquie Recep Tayyip Erdoğan à Ankara restera dans l’histoire pour l’incident ridicule du «  SofaGate », provoqué par la guéguerre que se livrent entre elles les Institutions européennes. Celui qui a été finalement piégé, non seulement par sa muflerie, mais aussi plus sérieusement sans doute pour des raisons que nous ne tarderons pas à connaître, est sans doute le pauvre Charles Michel, qui, depuis lors, se confond en excuses à tout bout de champs. L’absence de fauteuil pour Madame Ursula Von der Leyen n’a rien à voir avec le sexisme du Grand Turc.

Mais si l’attention des médias s’est concentrée sur cet incident grotesque, c’est aussi pour cacher le fond de la question. Pourquoi, diable, les plus hautes autorités européennes ont fait le voyage à Canossa ou plutôt à Ankara chez le dictateur du Bosphore ? Qu’aurait-on dit s’ils étaient allés rendre visite au Maître du Kremlin !

Le président Charles Michel, encore lui, a vendu la mèche en soulignant  que « il y a  un intérêt stratégique de l’ UE à  un environnement stable et sûr en Méditerranée orientale et une relation mutuellement bénéfique et positive avec la Turquie ».

L’intérêt de l’Europe ? ou plutôt celui stratégique des USA et économique de Berlin ?

Ces dernières années, les tensions en Méditerranée orientale sesont intensifiées, en particulier fin février 2020, lorsque la Turquie a «forcé» des migrants et des réfugiés aux frontières grecques pour passer vers l’UE.  Pendant ce temps, la Turquie  poursuit ses activités illégales dans les eaux entourant Chypre pour y chercher du pétrole et du gaz . Face à ces actes, l’Union européenne a établi « un cadre permettant d’attribuer des sanctions aux personnes ou entités responsables des activités de forage près de Chypre ».   Des sanctions à minima et symboliques sans aucune portée réelle . Les menaces pèsent sur quelques militaires turcs, généralement proches de la retraite et sur leurs avoirs en Europe qu’ils n’ont pas. Elles ne se sont d’ailleurs pas matérialisées réellement. Rien à voir avec les sanctions dures appliquées contre la Russie.

Mais les entretiens d’Ankara, deux fauteuils pour un sofa, n’ont pas porté sur les sujets qui fâchent mais au contraire entamé une sorte de nouvelle « lune de miel » ! L’entretien  s’est principalement concentrée sur les moyens de renforcer les relations UE-Turquie, l’Union douanière, et la facilitation des déplacements avec en ligne de mire la suppression des visas pour les ressortissants turcs !  Drôle d’agenda pour une Union Européenne censée sanctionner Ankara !

En ce qui concerne la délibération sur les visas , le dialogue entre l’Union et la Turquie est lancé depuis 2013 et repose sur une feuille de route vers un régime sans visa avec la Turquie. Il avait fixé 72 objectifs que le pays devait  atteindre. Le problème est que 6 des objectifs ne sont toujours pas réglés mais Ankara s’est vu offrir l’assistance de l’UE et du Conseil de l’Europe pour l’aider à remplir les conditions restantes. Les conditions mises par l’UE à une sorte de « Schengen UE-Turquie » concernent simplement le contrôle des frontières externes non UE de la Turquie, ses relations avec ses voisins européens bulgares et grecs, la réadmission des migrants , mais pas un mot sur la situation réelle de la Turquie. En gros, on s’apprête à octroyer à Erdogan  un régime de libre circulation plus favorable qu’au Royaume Uni , sans tenir compte ni de la réalité du pays (arrestations arbitraires et tortures de députés, magistrats, journalistes, Universitaires..) ni du fait que la Turquie utilise les migrants, syriens, afghans, pakistanais et autres qui passent sur son sol comme des armes de chantage.

En ce qui concerne la question des migrants venus de Turquie, les deux représentants de l’ UE ont déclaré que l’accord UE-Turquie de 2016 a donné lieu à des résultats positifs ( !) et, par conséquent, reste valide. Cette déclaration, malgré les tentatives quotidiennes d’intrusion en Grèce ou en Bulgarie, parfois avec l’aide visible de la Turquie, n’est pas une  surprise car elle vient après la réunion du Conseil de l’ UE des 25-26 mars, au cours duquel la chancelière Angela Merkel a réitéré son soutien à l’accord UE-Turquie sur les réfugiés. Selon l’accord, l’UE mobilise  6 milliards d’euros dont 65% ont été distribués.  Il consiste à financer Ankara pour « retenir »les migrants sur son sol. Il faut souligner d’ailleurs que, très régulièrement, la Grèce et la Bulgarie cosntatent des tentatives de passage des frontières facilitées par les autorités turques, comme pendant l’hiver dernier, quand les tensions entre l’Europe et Erdogan s’intensifient, comme s’ il s’agissait de réactiver le chantage d’Ankara : « de l’argent contre la sécurisation, très relative, de nos frontières « !

Nullement découragée, la Commission envisage d’ailleurs de présenter une nouvelle proposition de financement des réfugiés syriens en Turquie, en Jordanie et au Liban, dont on sait que c’est Ankara qui en sera le grand bénéficiaire ! Les 6 milliards d’Euros n’étaient donc qu’un début…

Si la Présidence de l’UE , pour la  rencontre du 6 avril a simplement acté « les progrès en matière de visas », sans précisions, elle a annoncé qu’elle va renforcer  la participation de la Turquie à des programmes européens tels qu’Erasmus + ou Horizon Europe . À titre d’exemple, au cours des 6 dernières années, la Turquie a participé à neuf programmes sous le nom d’Erasmus + . Alors que le Royaume-Uni vient de quitter le programme Erasmus, Bienvenue à la Turquie !!  On a même évoqué la participation de la Turquie au programme « Europe créative » qui concerne les activités culturelles, cinéma, théâtre, littérature.. Sans aucune garantie que ce ne sera pas sous le contrôle de la censure du parti AKP d’Erdogan, celui-là même qui refuse de reconnaître le génocide arménien ! Verra-t-on donc des associations à tendance islamiste comme « Millis Gorus »  , proche du parti AKP, participer à des programmes culturels européens ?

L’autre grand sujet débattu à Ankara a été l’union douanière qui  est en vigueur depuis 1995. L’UE représente le premier partenaire d’importation et d’exportation de la Turquie, dans le même temps, la Turquie figure parmi les 5e partenaires commerciaux de l’UE. Madame Von der Leyen a déclaré que l’objectif de la rencontre d’Ankara était de moderniser cette Union  douanière. Cette union douanière est un cadre unique que nous n’avons avec aucun autre pays. Par conséquent, nous recherchons en outre des moyens innovants non seulement pour moderniser l’union douanière, mais aussi pour stimuler la coopération publique et privée , en mettant l’accent sur les transitions vertes et numériques ».

On retiendra ce commentaire : « Un cadre unique que nous n’avons avec aucun autre pays » . En effet, le Royaume Uni, dans le cadre du Brexit Deal, n’a pas obtenu un accord aussi avantageux que celui de la Turquie !

D’Autres sujets, Comme la crise de la Pandémie Covid-19 , le changement climatique et le retrait de la Turquie de la Convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes.

Ursula Von der Leyen a certes regretté que la Turquie qui avait signé et ratifié la Convention, ait décidé de se retirer  et a souligné « que cela envoie un mauvais signal de coopération entre les deux pays » mais n’en a tiré aucune conclusion politique ou autres. Il faut noter qu’il y a deux pays du Conseil de l’Europe qui, dès le départ, ont refusé de souscrire à cette convention : la Fédération de Russie et l’Azerbaïdjan. Il y a aussi d’ailleurs plus d’une dizaine de pays Membres du Conseil de l’Europe qui n’ont pas ratifié cette convention, comme le Royaume Uni, mais aussi des pays Membres de l’UE comme la république Tchèque, l’Autriche ou la Lituanie !

Depuis que la Turquie a informé qu’elle se retirait de la Convention d’Istanbul, il y a eu une pléthore de réactions de la société civile. Par exemple, une alliance de groupes de défense des droits, appelé StopErdoganNow a rédigé une lettre ouverte à l’ UE HR Josep Borrell exigeant des sanctions sévères contre la Turquie en raison de la violation des droits de l’ homme .  Selon Chris Wilson de StopErdoganNow , «au lieu de condamner de tels outrages, Borrell a simplement décrit sa profonde inquiétude. Il n’a cependant eu aucune difficulté à condamner l’expulsion par la Russie des diplomates européens de Moscou. Pourquoi le double standard? « 

D’Autre part, et concernant la rencontre d’Ankara,  Manfred Weber , président du groupe du Parti populaire européen, a souligné qu ‘ «il a besoin de savoir ce qui a été mis sur la table… Nous sommes extrêmement préoccupés par les engagements pris en matière de visa ou de douane sans changements concrets et durables de la politique de la Turquie à l’Est. Méditerranée, vers Chypre et nos frontières extérieures En outre, la visite n’a pas montré nos préoccupations plus générales en ce qui concerne les attaques du président Erdoğan contre la société civile et les prisonniers politiques dans le pays ». 

Le lundi 26 avril, un débat sur les résultats de la réunion UE-Turquie a eu lieu lors de la session plénière des parlements européens. De nombreux députés se sont inquiétés d’un climat « trop positif » des échanges :  En général, les relations UE-Turquie doivent comporter la question de la conditionnalité. Si nous ouvrons enfin la discussion sur l’union douanière et la libre circulation, nous, en tant que Parlement, demandons une conditionnalité de démocratie ».

Même si les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE ont été gelées en juin 2018, le pays est toujours officiellement un pays candidat à l’adhésion à l’UE.  On sait bien que cette perspective est aujourd’hui impensable en raison du rejet dans de nombreux pays européens. Mais la Commission européenne, tout comme l’Allemagne d’Angela Merkel et aussi la France d’Emmanuel Macron semblent privilégier aujourd’hui une forme de « partenariat privilégié », encore plus étroit que celui négocié avec Londres après le BREXIT : Union douanière, libre circulation des personnes, coopération tous azimuts..

On voit bien aujourd’hui que la grande industrie allemande voit le marché intérieur turc  avec une population qui atteindra bientôt 100 millions d’habitants comme le « réservoir de consommateurs » dont elle aura besoin pour maintenir sa croissance ainsi qu’un autre atelier de travailleurs à bon marché ! On voit bien aussi que les USA cherchent à garder Ankara dans le giron atlantiste de l’OTAN dans sa stratégie anti-Russie

Mais quel est le vrai intérêt des Européens et de l’Europe ?

Doit-on faire de la Turquie d’Erdogan le 28ème Membre clandestin de l’UE comme l’Allemagne et les USA nous demandent de le faire ? Remplacer le Royaume-Uni ?

Peut-on faire confiance à celui qui menace nos voisins grecs et chypriotes ? à celui qui a mis en place une vraie dictature dans son pays ? à celui qui rêve de restaurer l’Empire ottoman en envoyant son armée en Syrie, en Irak, en Lybie et au Haut-Karabagh ?

Une autre discussion sur les relations UE-Turquie aura lieu lors de la réunion du Conseil européen en juin. Espérons que la raison l’emportera ..

SofaGate :Derrière l’anecdote, derrière l’humiliation, une bataille de coqs

Derrière l’anecdote, derrière l’humiliation se cache une bataille de coqs !

Ce que cache le « SofaGate » ? : une querelle de coqs !

Derrière l’anecdote des chaises (ou fauteuils ?) musicales, derrière l’humiliation, voulue ou pas, de la part du Maître d’Ankara, se cache la triste réalité d’une querelle de coqs, une « guéguerre » des services du Protocoles des Institutions européennes

Maintenant, Ursula et Charles ne sont pas loin de se jeter des noms d’oiseaux à la tête et l’Union européenne s’enfonce dans le crépuscule !

Décryptage :

Chacune des 3 institutions principales de l’UE, Conseil européen, Commission européenne et Parlement européen a sa propre liste « protocolaire » qui met la ou le titulaire du Poste en tête (c’est le cas du Conseil et du parlement) ou les 3 au même niveau (celui de la Commission européenne !)

Il en résulte un imbroglio quotidien pour chaque visite officielle, chaque déplacement, chaque Sommet international etc..


Et encore, ne parle-t-on que des 3 principales Institutions, mais il y a aussi les Présidences de l’UE qui sont tournantes ( Portugal en ce moment) , les autres institutions telles que la Cour de Justice de l’UE, la Banque Centrale européenne, la Banque Européenne d’investissement, le Comité Economique et Social Européen (CESE) et Comité des Régions,

Et c’est sans compter le « Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité », actuellement Joseph Borrel , qui aurait été le seul à se trouver légitimement à Ankara . ..et ne s’y trouvait pas.. !

En tout douze Présidents !

Juste 2 petites anecdotes de ma Présidence du CESE :

  • Au début de mon mandat, je devais accueillir le Président français de l’époque (François Hollande ) dans nos bâtiments pour un évènement ! J’ai dû argumenter pendant 40 minutes avec le Président de la Commission européenne de l’époque, JM Barroso , qui prétendait que c’était à lui de l’accueillir même si c’était « chez moi » !
  • Une autre fois, devant prendre la parole à une Conférence à Strasbourg avec un commissaire européen français du moment (qui s’est occupé par après du Brexit) – Etant numéro 6 ou 5, je ne me souviens plus, du Protocole du Parlement européen, faisant foi au CESE, on m’avait mis à parler avant ce Personnage. Il en fit une maladie et son entourage ne cessa d’harceler le mien

Le ridicule ne tue pas à Bruxelles, Dommage !

On se rappellera de cette fameuse sortie d’Henry Kissinger, le Secrétaire d’Etat US «  Si je dois appeler l’Europe,  Qui dois-je appeler ? »

La complexité du système européen est de plus en plus hermétique. Avec le traité de Lisbonne en 2007, on a jouté la fonction inutile de Président du Conseil, qui n’est en fait qu’un Personnage sans aucuns pouvoirs qui ne fait juste que faire l’Ordre du Jour des réunions des 27 chefs d’Etat et de Gouvernements !

Pour répondre à la question d’Henry Kissinger.. on a créé un poste de plus !

On peut aussi s’étonner du rang occupé dans ce Protocole par la Commission européenne qui devait être à l’origine un Collectif de personnalités sages et expérimentées capables de discerner le « bien commun européen » et non comme aujourd’hui des « Politiques » obsédés per leur image !

Est-il normal aussi que cette même Commission européenne, certes adoubée par le Parlement européen, mais non élue, dispose d’autant de pouvoirs :

-monopole de l’initiative des lois et des actions

-Exécutif des actions de compétences exclusives et co/Exécutif avec les Etats des compétences partagées

-Gardienne des Traités

-Autorité de Concurrence

Face à l’anecdote et à l’humiliation, est-il normal que dans une démocratie, un Exécutif ait aussi l’initiative des lois ? Où est la « séparation des pouvoirs » de Montesquieu ?

Il est clair qu’au minimum une clarification s’impose, au mieux une réforme en profondeur des Institutions est à entreprendre !

Henri Malosse

Bruxelles – 13 avril 2021

Exclusif : Comment Bruxelles pourrait tuer dans l’œuf la relance en Europe !

La Taxonomie, la nouvelle invention de Bruxelles va condamner des pans entiers de nos métiers, surtout les petits !

Comment la technocratie européenne pourrait tuer dans l’œuf la relance économique et sociale post Covid :

La «taxonomie», la nouvelle « usine à gaz »

Alors que les Européens n’en peuvent plus d’attendre au bout du tunnel  la fin des mesures de restrictions et la venue des vaccins/traitements contre le COVID, une lourde menace plane déjà sur la reprise de l’activité économique et sociale.

En effet, au nom d’un « Pacte Vert » dont nul ne peut contester le principe, des mesures extrêmement technocratiques sont en train de se mettre en place qui pourraient freiner une relance de l’activité économique que tout le monde espère voir venir.

De lourdes incertitudes pèsent déjà sur les plans de relance nationaux dont la préparation est laborieuse dans de nombreux pays comme en France, négligeant les vrais besoin des territoires, des petites et moyennes entreprises, des artisans, des indépendants, des jeunes…

Quant’ au plan européen de relance, baptisé « NextGenerationEU », annoncé en mai dernier, il fait figure d’ »Arlésienne » tant il semble bien difficile à concrétiser.   Or, voici que voit poindre un nouvel écueil de taille ! La bureaucratie européenne verte a inventé une sorte d’ « usine à gaz, baptisée « taxonomie » dans le cadre du Pacte Vert qui risque d’entraîner des dommages considérables pour une économie européenne déjà moribonde à cause des mesures sanitaires prises pour contrer les effets du COVID19. De plus, Bruxelles vient de décider d’appliquer cette politique de « Taxonomie » à son plan de relance, le rendant ainsi à maints égards inopérant !

Nul ne peut bien entendu contester la nécessité de s’orienter vers une économie décarbonée pour ralentir le réchauffement climatique ni peut nier l’importance de la biodiversité et de nécessité de préserver la nature de toutes sortes de pollutions, qui peuvent être également sonores ou esthétique.

Mais delà à imposer une « usine à gaz » bureaucratique tatillonne pour contrôler toutes les activités humaines et risquer de stopper tout effort de relancer l’activité économique et sociale …Il n’y a qu’un pas que la Commission européenne franchit allègrement !

Qu’est-ce que la «taxonomie»? :

Un néologisme barbare pour dénommer un instrument pour mesurer toutes nos activités par rapport aux six objectifs fondamentaux du « Pacte vert » de la Commission européenne :

– ralentir le réchauffement climatique

– Adaptation au changement climatique

-L’utilisation durable et la protection de l’eau et des ressources marines 

-La transition vers une économie circulaire 

-Prévention et contrôle de la pollution 

-La protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes

On ne pourrait que saluer ces objectifs de bon sens si on les prenait dans leur acception globale : réduire les émissions de CO2, préserver la ressource en eau, recycler nos déchets, préserver la nature de toutes sortes de pollutions.

Mais faut-il pour autant passer au peigne fin toute activité humaine pour déterminer si elle est « compatible ou non » avec la taxonomie ? Faut-il comme l’a décidé l’UE établir une « police verte » sur chacun de nos mouvements ? , la façon de se chauffer, de s’éclairer, de se déplacer, de pratiquer des loisirs ou du sport ! Comment l’éleveur nourrit ses bêtes, comment l’agriculteur prépare ses semis, comment l’artisan taille son bois, comment fonctionne le pressing du coin de la rue , comment nous faisons du rengagement dans la maison, comment nous nous habillons.. !  Ce nouvel outil ne concernera pas seulement les acteurs économiques, mais chacun d’entre nous, une sorte de « Meilleur des Mondes » vert !

La loi de la « taxonomie » est le résultat de l’application technocratique par les institutions européennes de l’Accord de Paris de RIO + 20 (Convention des Nations Unies sur le développement durable). La bureaucratie européenne a l’ intention d’en faire un mécanisme punitif qui va dans la vie de tous les même si cela signifie condamner des pans entiers de notre économie, en particulier dans le monde des les artisans, les indépendants et les petites entreprises.

Les conséquences pourraient aller jusqu’à une condamnation à perpétuité ou à mort sur votre entreprise

La loi européenne sur la taxonomie a été adoptée en Juillet 2020 ! Elle est donc déjà d’application !

Comment cette « usine à gaz » va-t-elle fonctionner :

La Commission européenne est en train de fixer des critères pour toute activité humaine, de la plus «verte» à la plus «négative pour le climat et l’environnement».  Un système de notation qui concernera à la fois l’équipement ménager et le travail quotidien du berger avec son troupeau de moutons, la ferme pétrolière ou encore le fabricant de sacs en cuir . L’objectif principal de cet outil est d’attribuer de bons ou de mauvais points , ce qui peut se traduire par des étiquettes vertes ou brunes pouvant avoir des conséquences commerciales importantes. 

En outre, dans le cadre du « pacte vert », ces classifications détermineront de nouvelles normes, comme par exemple dans le secteur de la construction, qui seront établies  en référence aux produits les plus « vertueux ». Bien souvent, ce seront les géants du secteur qui feront ces normes et beaucoup de petits fabricants risquent de se voir écartés du marché si on n’applique pas des mesures de transition.

La punition des « mauvais élèves » pourrait aller encore beaucoup plus loin, comme le montre l’exemple suivant que m’a  donné Luc Hendricks, directeur de «SME United», la Fédération européenne des petites et moyennes entreprises: Imaginez le gérant de la blanchisserie locale de votre rue. Lorsqu’il veut investir pour se développer, son banquier de l’autre côté de son domicile sera contraint de lui demander, au moyen de formulaires, une évaluation du risque «environnemental», comme par exemple s’il utilise des produits chlorés et à quel rythme? Pourquoi? Car aussi l’agence bancaire est soumise à la «taxonomie». L’agence doit indiquer au siège social si ses clients ont des bons ou des mauvais points. La Banque centrale européenne exigera donc un bilan «taxinomique» des établissements bancaires, qui contribuera à leur «notation» et donc aux moyens par lesquels ils pourront bénéficier des prêts. Conclusion: le pressing au coin de la rue risque de ne pas se voir accorder de prêt ou à des conditions défavorables s’il n’est pas assez «vertueux», il verra ainsi ses primes d’assurance augmenter pour les mêmes raisons. Les agences bancaires et les assureurs risquent ainsi de se détourner de nombreux acteurs économiques insuffisamment « vertueux». En fait, l’application sans modération de la « taxonomie » pourrait provoquer la fermeture de nombreuses petites industries, artisanats et commerces, incapables de trouver à bon compte des financements !

Les Banques et les Assurances commencent à imposer la « taxonomie » à leurs clients !

D’un autre côté, les banques et les investisseurs institutionnels, y compris les compagnies d’assurance ou les fonds de pension se préparent déjà à appliquer des règles que l’UE, que la Banque Centrale Européenne leur impose !

Au total, 26 banques ont testé la taxonomie entre janvier et août sur plus de 40 transactions en cours ou récemment clôturées et les relations clients existantes. À la suite de cet exercice, le rapport a proposé huit recommandations aux législateurs, aux régulateurs et aux banques elles – mêmes, pour rendre l’exercice moins contraignant et moins pénalisant pour leurs clients, notamment les PME, Artisans et Indépendants !

Selon le rapport, les éléments suivants présentent des défis importants pour la réglementation de la taxonomie; la complexité de la réglementation pour les PME, le manque de méthodologie commune pour aborder l’évaluation de l’adaptation au changement climatique, la difficulté à apporter des preuves sur les effets des activités en cause, la nécessité de tenir compte des conditions sociales et de la réalité du terrain

Pour le moment, la Commission européenne n’a pas encore répondu clairement à ces préconisations.

Grand ou petit, tout le monde ne sera pas dans le même bateau! 

« Selon que tu es grand ou puissant… ». Toutes les entreprises et tous les entrepreneurs ne seront pas égaux devant la «taxonomie». Chaque entrepreneur devra fournir une quantité extraordinaire d’informations à son banquier pour un prêt, à son assureur pour un contrat et aux autorités compétentes pour recevoir une aide. On voit déjà comment les administrations trouveront une raison facile de refuser des aides ou des exemptions! L’exercice sera relativement facile pour une grande entreprise qui pourra optimiser ses différentes activités, mais comment l’épicier du quartier ou le petit artisan taxi réagira quand on lui demandera de justifier lui-même tout ce qu’ils fait ou ce qu’il achete ! Déjà stressé par toutes les administrations, le patron de TPE/ PME, l’Artisan ou l’Indépendant  devra, une fois de plus, passer son temps libre à remplir des formulaires et à

répondre à des questionnaires. 

Une usine à gaz  entre les mains des seuls bureaucrates 

Venons-en à l’aspect le plus inquiétant : qui et comment déterminera les critères selon lesquels une entreprise sera une bonne ou une mauvaise élève ? Réponse: la bureaucratie européenne!

Le règlement sur la taxonomie [i]confie en effet de manière exclusive à la Commission européenne la responsabilité d’adopter 7 actes délégués pour déterminer si une activité est durable ou susceptible de causer un dommage environnemental. 

Des actes délégués, prévus malheureusement par le Traité de Lisbonne, permettent donc aux bureaucrates de décider pratiquement seuls et sans contrôle démocratique 

Les secteurs professionnels sont très inquiets de voir que des pans entiers de leurs activités risquent d’être passées au crible de manière idéologique par des bureaucrates baptisés « khmers verts » par les associations de l’industrie européenne parce qu’ils sont souvent des idéologues sans  réelle expertise technique. Les professionnels s’inquiètent d’autant plus car ils constatent qu’une fois les « mauvaises notes » attribuées par Bruxelles, ils vont rester  sans possibilité de recours !

On pense en particuliers aux activités comme la réparation automobile, l’équipement ménager, l’élevage de bétail, cuir et peaux, textiles et confection, construction, services à la personne, tourisme…

Pour les « actes délégués » en effet, il n’y a pas de contrôle parlementaire ou autres sur les décisions de la Commission européenne,

Le contrôle des États membres sur les actes délégués est presque insignifiant. Il existe simplement des groupes d’experts dirigés par la Commission européenne (1 représentant par État membre et sous la présidence de la Commission européenne). Ces groupes sont simplement consultatifs et sans droit de vote!

Les secteurs professionnels concernés ont été vaguement consultés mais sans réelle garantie qu’ils soient écoutés !

La seule consultation structurée a concerné le secteur financier à travers un comité technique comprenant notamment la Banque centrale européenne et la Banque européenne d’investissement et quelques représentants du secteur cooptés. Ce Comité se transforme désormais en une «plateforme de finance durable» dont les membres seront choisis par appel à candidatures sur des critères très subjectifs, donc choisis pas la Commission européenne elle-même !  On s’attend à y trouver les  ONG « vertes » habituelles qui seront sans doute là pour exiger les critères les plus durs !

Des critères qui vont condamner des pans entiers de nos économies

Le 20 novembre, l’ exécutif de l’ UE a publié un projet de règles de mise en œuvre sur une «toute première« liste verte »au monde» visant à encourager les investissements privés dans l’économie verte. Une consultation publique sur les projets de règles (actes délégués) s’est clôturée le 18 décembre avec plus de 46 591 réponses reçues. Mais, la proposition finale, qui devait initialement être publiée pour le 1er janvier, a été retardée sans indication claire du moment où elle sera publiée .

La Commission européenne espère clarifier les lignes directrices sur les entreprises dans les mois qui viennent pour expliquer ce qui est vert et ce qui ne l’est pas. Mais les industriels et les investisseurs ont remarqué qu’il manquait un élément important: la notion même de «transition» ou ce que les activités de transition devraient réellement signifier, ce qui est fondamental car on devrait donner un cap et non pas punir !

À titre d’exemple, parmi les critères proposés par la Commission européenne pour être labellisé écologiquement durable, il y a le seuil d’émissions unique de 100 g CO2e / kWh pour la production d’énergie. En d’autres termes, cette limite s’applique aux secteurs répertoriés dans les activités pour lutter contre le changement climatique, mais elle est si basse que pratiquement aucune solution énergétique ne peut actuellement se conformer.

De nombreux industriels européens, comme dans les secteurs de la chimie, des aliments et boissons, de la pharmacie, du ciment et des matériaux de construction, de la pâte à papiers et de l’aluminium, se retrouverait presque sans plus aucuns choix de ressources énergétiques pour produire.. et les plus gros seront tentés, une nouvelle fois, de se délocaliser.. et de faire venir les produits par des moyens de transports polluants ! Bien entendu, il en serait différemment si les critères étaient progressifs pour prendre en compte la notion de « transition » comme le réclament les secteurs professionnels !

En réaction, un groupe de 10 pays de l’UE a soumis un «document officieux» à la Commission européenne pour exprimer ses préoccupations. Le document conjoint «a souligné la nécessité de maintenir la possibilité d’utiliser le gaz comme combustible de transition» et a également insisté sur «la possibilité d’utiliser l’hydrogène provenant de diverses sources d’énergie» – pas seulement les énergies renouvelables.

Le document a été signé par la Bulgarie, la Croatie, Chypre, la Tchéquie, la Grèce, la Hongrie, Malte, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie et envoyé à la Commission européenne une semaine après le sommet de l’UE (10-11 décembre 2020) où les chefs d’État avaient convenu à une réduction d’au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 . Les signataires ont déclaré que leurs demandes « respectaient les conclusions du Conseil européen de décembre ».

Aucune réponse à ce jour de la Commission européenne, comme à l’égard des banquiers ou des secteurs professionnels

Une usine à gaz peut en cacher une autre : le plan de relance européen soumis aussi aux « bureaucrates verts » !

La machine bureaucratique de Bruxelles continue de tourner à plein régime, malgré le COVID !

Ainsi le 12 février 2021, la Commission européenne vient de sortir une autre « usine à gaz » cachée derrière la « taxonomie » ! De quoi s’agit-il : la « DNSH », en anglais, « Do Not Significant Harm » (Ne pas nuire significativement » aux objectifs du Pacte vert )

Il s’agit d’une nouvelle procédure bureaucratique imposant aux états et promoteurs de projets soumis au Plan de relance européen de 672 milliard d’Euros d’apporter pour chaque demande de financement la preuve d’être « compatible avec le Pacte Vert »

Dans ce document de 11 pages, Bruxelles décrit une « check liste » devant être remplie par tout promoteur de projet qui « devra apporter la preuve » qu’il respecte les 6 objectifs du Pace vert !

Par exemple, pour la construction d’un barrage (exemple cité par la Commission européenne)  il faudra démontrer qu’il n’y avait pas d’autres solutions plus respectueuse de l’environnement. Autant dire qu’on peut abandonner l’idée de présenter des projets dans la filière hydraulique, pourtant très vertueuse en matière de CO2 ,

Ce sera aux états et aux promoteurs de projets à apporter la charge de la preuve que leurs projets sont « la meilleure solution possible » pour réaliser tel ou tel investissement et qu’il Ce sera aux états et aux porteurs de projets d’apporter la charge de la preuve qu’il n’existent  pas d’autres solutions respectant mieux les objectifs du pacte vert. On voit bien qu’avec une telle procédure, il suffira qu’une association ou ONG quelconque conteste tout projet d’installation ou d’extension d’une activité économique ou toute construction d’équipements ou d’infrastructures pour fournir d’argumentation pour ne pas le faire ! En effet, ces dernières pourront argumenter qu’il vaut mieux ne rien faire ou le faire mais à un coût si exorbitant qu’aucun investisseur privé ou qu’aune collectivité locale ne sera en mesure d’y apporter sa contribution. La Commission européenne exige en effet que pour chaque projet, le promoteur explique qu’il a exploré toutes les autres alternatives respectant mieux l’environnement et pourquoi il fait ce choix : des coûts supplémentaires et une aubaine pour les consultants !

On peut dire ainsi que de très nombreux domaines d’investissements vont se trouver ainsi  interdits de financements européens ( industrie du bois, élevage, irrigation, matériaux de construction et cimenteries, textile et cuirs, transports routiers, aériens, maritimes et fluviaux, pêche, .. .) , souvent en contradiction avec les objectifs généraux retenus de « relance et de résilience ». Il ne sera donc pas possible d’utiliser le plan européen de relance pour la réindustrialisation de l’UE, pourtant  si nécessaire ! La « DNSH » est, telle qu’elle apparait, une incitation de plus aux délocalisations et un facteur de plus pour le déclin de l’Europe.

La même UE demandera également pour les opérations importantes aux promoteurs de projets et aux états d’assortir leurs demandes d’études d’impact ex-ante démontrant un impact positif sur l’environnement en plus de la DNSH – un exercice bureaucratique supplémentaire et un beau cadeau-une fois de plus-aux consultants si prisés par la bureaucratie de Bruxelles

Tout le monde s’attend que la « DNSH » soit très vite étendue à tout projet présenté auprès des instances de Bruxelles au travers du budget ordinaire de l’UE et de tous les fonds qui s’y rattachent (plus de 130 milliard d’€uros par an) :  primes agricoles, tourisme rural, installation de jeunes agriculteurs, actions du fonds de cohésion et de formation professionnelle, recherche et innovation… La conditionnalité « verte » va s’imposer partout !

Pour un nouveau Pacte vert, au service des gens et adapté à chaque  territoire

En conclusion, il faut donc s’alarmer sur le fait que, profitant de la crise du COVID, dans le silence de leur télétravail, sans visiteurs et avec très peu de contrôles démocratiques, les bureaucrates bruxellois sont en train de nous entrainer vers une mécanique orwellienne, avec la taxonomie et la DNSH..

Nul ne peut contester la nécessité d’une transition de nos économies vers le décarboné et la préservation des ressources naturelles. Mais le faire de manière bureaucratique, tatillonne, et punitive va se retourner contre l’objectif recherché : des dizaines de milliers d’entreprises et d’emplois risquent de disparaître, des usines vont être délocalisées, le niveau de vie des Européens va continuer de s’abaisser, l’Union européenne va continuer de régresser face au reste du monde qui doit s’en frotter les mains !

Avec les secteurs professionnels, en particulier ceux qui représentent les petites et moyennes entreprises, il faut obtenir des mesures d’accompagnement et de transition, faire en sorte que les objectifs du pacte vert soient considérés comme des objectifs à atteindre dans leur globalité et non pas sur chaque acte ou process individuel et isolé !

Il faut appeler pour une autre manière de favoriser la transition écologique, s’appuyer sur la compétence des professions et des corps intermédiaires, laisser le niveau local, adapter les objectifs à la réalité du terrain, se donner pour cap la transition écologique au niveau global !

Une écologie proche des gens et positive sera gagnante  et contribuera réellement aux objectifs du climat et de la biodiversité


[i] Règlement UE 2020/852

Encore un Sommet européen pour Rien (le 13 ème en moins d’un an )

Il n’y aura bientôt plus que Paris pour croire en l’efficacité des commandes groupées de vaccins par la Commission de Bruxelles !

Le même jour de ce Sommet sans aucun résultat concret, le Chancelier autrichien Kurz commandait chez Poutine des vaccins russes Sputnik 5

Mais à quoi servent donc ces Sommets Européens ? Le 13ème Conseil européen sur la crise COVID et ses conséquences, réuni ces 25/26 février, s’est terminé, une nouvelle fois, sans rien de concret

Depuis le 10 mars 2020, ce ne sont pas moins de Treize (13) réunions au Sommet des leaders européens (Chefs d’état et de gouvernement des 27 états Membres ) qui se sont tenues pour  débattre principalement de la crise du COVID-19 et de ses conséquences ! Parmi lesquelles 9 consacrées presque exclusivement à la pandémie ! Les très maigres résultats de la réunion des 25/26 février derniers soulignent s’il le fallait encore le peu d’efficacité de ce genre de réunions :

  • Le constat des retards dans les vaccinations dans l’UE (on va accélérer..) alors que c’est une vraie gifle que le Royaume-Uni, juste sorti de l’UE, inflige aux 27 : IL Y A PLUS DE Vaccinés au ROYAUME UNI que dans TOUTE l’UNION Européenne !
  • De vagues déclarations sur la liberté de circulations intra-européenne et avec les pays tiers qui permettent en fait aux Etats de faire ce qu’ils veulent (exemples actuels : l’Allemagne a fermé ses frontières avec la Tchéquie ; la France interdit les voyages non essentiels Hors UE quand l’Espagne laisse ses frontières ouvertes avec l’Amérique latine…..)
  • Des considérations générales sur d’autres sujets (défense, politique étrangère) qui ne sont que la répétition de vœux pieux sans aucun caractère opérationnel !

Mais à quoi donc servent ces Sommets européens ?

Petit rappel historique :

C’est Valéry Giscard d’Estaing qui le premier, le 9 décembre 1974, invita ses Pairs (chefs de gouvernements en fait car seule la France dispose d’un régime réellement présidentiel) pour un Sommet informel destiné à relancer la construction européenne.
En effet, selon les Traités, et encore jusqu’à aujourd’hui, les propositions viennent de la Commission européenne et les décisions sont prises par le Conseil de l’UE (aussi appelé Conseil des Ministres) où siègent les Ministres réunis en fonction des thèmes abordés (Ministres  de l’agriculture pour les décisions sur l’agriculture par exemple)

Les Sommets des chefs d’état et de gouvernements, les Conseils européens, même s’ils ont été depuis intégrés dans les Traités, aujourd’hui sous le nom de Conseils européens et disposent d’un président et d’un secrétariat propre depuis le traité de Lisbonne en 2007 (Charles Michel aujourd’hui) n’ont pas de fonction décisionnelle légalement.

Pour y voir clair , aujourd’hui cohabitent donc 3 types de « Conseils »

  • Le Conseil européen (les 27 chefs d’Etat et de gouvernement)
  • Le Conseil des Ministres pour la politique étrangère et de Sécurité , présidé par le haut représentant (actuellement joseph Borrel)
  • Le conseil de l’UE classique, selon les sujets (agriculture, économie et finances, transports..) présidé par le pays assurant la Présidence tournante de l’UE (aujourd’hui le Portugal)

On est aujourd’hui dans la confusion et dans le brouillard !

Pour être franc, une « Brebis n’y reconnaîtrait pas ses agneaux », tant le système est opaque !

A l’origine, le Conseil européen/Sommet européen se réunissait deux fois par an dans le pays des présidences tournantes, ce qui lui donnait un caractère prestigieux sans qu’il soit décisionnel à proprement parler,

IL  a marqué les grandes orientations et étapes de l’Europe depuis 1974 : le marché unique, les élargissements, le passage à l’Euro..

Avec la mise en place de l’€uro, s’est ajouté un Conseil européen de printemps, en charge d’analyser la situation économique des pays européens

Mais depuis une dizaine d’années, le système s’est emballé !

On est passé de 2 à 3 puis 4 sommets par an… pour arriver à an voir 13 depuis un an !

Mais pour quels résultats ?

Face à la Pandémie, les Conseils européens n’ont fait qu’acter l’impuissance de l’Europe qu’on peut résumer en 7 points, humiliants et préoccupants

  1. Une impréparation totale face à la pandémie. Bruxelles n’a pas réagi avant la mi-mars alors que l’Italie était déjà submergée par le COVID19 ;
  2. De très mauvais conseils donnés par la Commission européenne, par exemple demandant à l’Italie de ne pas fermer les frontières avec la Chine en mars 2020
  3. Une cacophonie totale au niveau des frontières qui ne s’est pas estompée, au contraire , au fil des ans : frontières internes ouvertes d’un côté, fermées de l’autres, voyageurs déboussolés, formalités contradictoires , etc..
  4. Des mesures de lutte contre la pandémie sans aucune coordinations depuis le début, sans que cela ait changé après un an : confinement strict ou souple, couvre-feu à partir de 18 heures ..ou minuit, régime centralisé ou localisé, pas de confinement comme en Suède, stations de ski ouvertes ou fermées, restaurants et théâtres ouverts ou fermés, attestations ici, pas d’attestations là etc.. . On peut dire qu’aucune mesure nationale n’a été identique d’un pays à l’autre ! Chapeau, il fallait le faire !
  5. Pas d’effort collectif suffisant dans la recherche médicale (traitements, vaccins..) avec une Commission européenne toujours en retard d’une guerre
  6. Le fiasco dramatique  des commandes groupés de vaccins lancées avant l’été mais qui a mis l’UE en situation d’accusée par les opinions publiques et milieux politiques des 27 : retards dans les commandes, contrats opaques et ne prévoyant pas de pénalités en cas de retards de livraisons, délais d’homologation auprès de l’Agence Européenne du médicament qui fonctionne d’une manière bureaucratique sans tenir compte de l’urgence de la situation. A peine, le Sommet terminé, que le chancelier autrichien Kurz contactait Vladimir Poutine pour commander des vaccins Sputnik 5 pour ses compatriotes devant les retards de la procédure européenne, rejoignant en cela la Hongrie, la Slovaquie et la Croatie ! Il n’y aura plus bientôt que Paris a croire en l’efficacité des commandes de Bruxelles!
  7. Un plan de relance de 672 milliards d’euros (dont près de la moitié en prêts), accouché dans la douleur fin décembre 2020,  dont on ne sait toujours pas comment il sera financé, dont on ne verra pas la couleur avant au moins 2022/2023, dont on sait qu’il sera insuffisant, dont la Bureaucratie européenne est déjà en train de s’ingénier à le rendre inaccessible avec une usine à gaz pour approuver les projets encadrée de critères politiques et environnementaux quasiment insurmontables. La nouvelle trouvaille de Bruxelles est de soumettre tout projet de relance à la règle du DNSH (« Do Not Significant Harm » ) , c’est-à-dire qu’il faudra prouver qu’on ne pourrait obtenir le même résultat avec un impact moindre sur l’environnement. Les annonces tonitruantes du Commissaire français Thierry Breton sur « un plan Marshall européen «  pour le tourisme à la rentrée 2020 ( Qui l’a vu ?) ne sont pas plus crédibles que ses dernières annonces sur l’UE, championne du monde des vaccins anti COVID fin 2021 .. Des promesses jamais tenues (et jamais vérifiées …)

REDONNER UN SENS AUX SOMMETS Européens

 La Conclusion s’impose donc

Ces Sommets européens, où on parle de tout et de rien,  NE SERVENT à RIEN

Une vraie réforme des Institutions s’impose pour rendre le processus européen PLUS

  • Démocratique , en mettant le Parlement européen dans le jeu, et associant aussi les corps intermédiaires et les régions.
  • Lisible , en donnant le droit d’initiative des lois au Parlement européen (et les citoyens avec des Initiatives Citoyennes qu’il pourrait relayer ) en lieu et place de La Commission européenne aujourd’hui , organe non élue, qui a fait la preuve qu’elle ne représentait plus de par sa composition, le Bien commun européen, mais était devenue la simple émanation de la Bureaucratie européenne.
  • Souple, avec une Europe à plusieurs vitesses qui respecte les identités et les cultures différentes (notamment en terme économique et sociétal)
  • Respectueux de la souveraineté des peuples pour le processus de décision
  • Proche du terrain pour l’application politiques européennes avec le principe de subsidiarité (décision au plus proche des territoires, association des corps intermédiaires et élus locaux, facilité d’adapter les lois au contexte local  )

Dans cet esprit, il faut retrouver le vrai sens d’un Conseil Européen, une occasion rare et privilégiée donnée aux Chefs d’Etat et de gouvernements de donner une direction à l’Ensemble .
Et ne plus revoir des réunions interminables entre Chefs d’état et de gouvernements pour discuter quels types de tests (antigéniques ou PCR ) faut-il imposer aux voyageurs ou s’il faut laisser ouvertes ou fermées les remontées mécaniques des stations de ski !

Henri Malosse